Deux rassemblements, un recrutement de jeunes désœuvrés et un affrontement évités de justesse. La crise qui couve au sein du FLN, depuis plusieurs mois, a failli prendre une nouvelle tournure hier. Des incidents entre partisans et anti-Abdelaziz Belkhadem ont été évités grâce à une présence massive des services de sécurité qui ont quadrillé le siège du FLN à Alger et ses alentours. Alors que les contestataires du comité central (CC) et les représentants du mouvement de redressement et de l'authenticité du FLN ont appelé à une occupation dudit siège pour y chasser ses «indus locataires», en l'occurrence le SG du FLN et ses fidèles, ces derniers ont contre-attaqué en faisant appel à des centaines de jeunes présentés comme étant des militants du parti acquis à la cause de Belkhadem. En effet, environ 400 jeunes, venus, comme ils l'affirment, de plusieurs wilayas, ont sauvé Abdelaziz Belkhadem et son bureau politique. Ayant passé la nuit au siège du parti, ces jeunes ont occupé, dès les premières heures de la matinée, l'entrée de l'immeuble et la rue qui y mène afin d'empêcher toute intrusion des contestataires. «Nous sommes des jeunes militants du FLN d'Oran. Nous sommes avec le secrétaire général et nous avons réussi à déloger le fédéral d'Oran et ses amis qui utilisent le parti à des fins personnelles», déclare Hamitou Saâd Hamza. Mais ce ne sont pas tous les jeunes présents sur place qui ont un lien organique avec l'ex-parti unique. Les contestataires du comité central accusent Abdelaziz Belkhadem et sa direction d'avoir fait appel à des «baltaguia (voyous)» pour mater les vrais militants du FLN. «Ce sont des baltaguia payés à 5000 DA par les partisans de Belkhadem pour venir nous tabasser dans notre propre siège», dénoncent les contestataires qui ont été contraints de se rassembler au niveau de la place Paradou, à quelques encablures du siège national du FLN. Plainte contre Belkhadem et ses deux fils Les protestataires qui avaient prévu de réunir leurs troupes au niveau de cette place avant d'avancer en groupe vers le siège du parti ont dû revoir leur plan. Ils ont transformé leur action en un simple rassemblement. Ils étaient encadrés par des dizaines de policiers qui se sont interposés entre les deux camps pour empêcher d'éventuels affrontements entre pro et anti-Belkhadem. Des bus des membres du mouvement de redressement ont été même, selon Mohamed Seghir Kara, membre du CC et du mouvement de redressement, contraints de rebrousser chemin avant même d'arriver à Alger. «Ils ont ramené quelque 4000 policiers. Une quinzaine de bus transportant nos partisans ont été bloqués à l'entrée de la capitale», affirme-t-il. Estimant que le geste de la direction du FLN est une volonté affichée de recourir à la violence pour mater la contestation et assurer le maintien de Belkhadem à la tête du FLN, les contestataires saisissent officiellement la justice. Ils portent plainte contre Abdelaziz Belkhadem et ses deux fils pour usage de la violence en violation des dispositions de la loi sur les partis politiques. «Il y a là une violation de la loi sur les partis politiques. Nous avons déposé plainte pour utilisation avérée de la violence pour rester à la tête du parti», annonce Abdelkrim Abada, membre du CC. Aidés par leurs avocats, les membres du CC invoquent l'article 46 de la loi sur les partis qui stipule que «dans le cadre de ses activités, le parti politique s'engage à respecter les principes et objectifs suivants : (…) le rejet de la violence et de la contrainte sous toutes ses formes, les libertés individuelles et collectives ainsi que les droits de l'homme et l'ordre public». «Nous avons constaté, en compagnie d'un commissaire de police, le recours à la violence. En plus de cette plainte, nous allons introduire un dossier au niveau du ministère de l'Intérieur pour dénoncer ces faits graves», précise Mohamed Seghir Kara. Les redresseurs n'ont pas réussi à prendre le siège de l'ex-parti unique. Ils se sont seulement contentés d'un rassemblement qui aura duré toute la matinée d'hier, à l'issue duquel ils ont réitéré, dans un communiqué lu à l'occasion, «le retrait de confiance à Abdelaziz Belkhadem et leur appel à la tenue d'une réunion extraordinaire du comité central pour élire un nouveau secrétaire général du FLN».