Les contestataires n'ont pas l'intention de s'avouer vaincus et promettent de continuer la guerre qui les oppose au SG du parti. Abdelaziz Belkhadem vient de gagner son bras de fer avec ses adversaires, redresseurs et contestataires réunis. Lors d'une session houleuse du Comité central, où tous les coups étaient permis, y compris le recours aux “baltaguia”, Belkhadem a su manœuvrer, en ayant recours, non seulement aux députés fraîchement élus, mais aussi aux services de certains mouhafadhs qui ont mobilisé des dizaines de bus remplis de “vigiles” chargés de mater l'opposition et de mettre la presse à l'écart. Belkhadem n'était pas fou pour se faire hara-kiri. En acceptant de convoquer une session ordinaire du Comité central, il s'est assuré de remporter la bataille. Ses adversaires, quant à eux, auront péché par un excès de naïveté, sachant qu'au FLN, ce ne sont pas les militants qui nomment ou dégomment le secrétaire général. Ce vendredi, ils ont vainement attendu, un coup de fil, un signal qui viendrait d'en haut. Il n'en fut rien. En refusant de s'impliquer directement dans la crise qui secoue son parti, le président d'honneur, Abdelaziz Bouteflika, aura choisi son camp, en quelque sorte, en laissant un autre sursis pour Belkhadem. Belkhadem a, certes, innové, en surfant sur la mode en vogue : le recours aux “baltaguia”, mais il a surtout été fidèle aux traditions du parti où les coulisses sont déterminantes dans la bataille des procédures. Ses adversaires ont été pris au piège, dans un hôtel réquisitionné et fortement dominé par les partisans de Belkhadem. Samedi, ce dernier s'est retrouvé dans une salle complètement acquise, et là, on a enfin invité la presse à y accéder. Les contestataires, quant à eux, se sont repliés sur Alger-Centre, pour tenir une réunion où une centaine de membres du Comité central y ont pris part en vue de préparer la riposte à ce nouveau coup de force de Belkhadem. Dans une déclaration rendue publique hier, les contestataires dénoncent le déroulement des travaux de la session du Comité central et surtout le recours aux “baltaguia” qui ont agressé des membres du CC à l'intérieur de la salle. Ils accusent le SG du parti d'être “un artiste dans le mensonge” et rappellent ses multiples engagements non tenus. Ils réfutent la thèse avancée par Belkhadem et son porte-parole selon laquelle 221 membres du CC lui auraient renouvelé leur confiance. “C'est un mensonge”, nous dira Mohamed-Seghir Kara, avant de préciser que “personne n'a voté. Il y avait une grande confusion dans la salle, Belkhadem s'est enfui”. L'huissier de justice qui a fait le constat ne serait qu'un membre du CC représentant la wilaya de Ouargla. “On n'a pas vu ce huissier”, poursuit Kara. “De quel droit ce type fait ce constat ? On va porter plainte contre le SG pour usurpation de fonction. Il a ramené des gens qui n'ont rien à voir avec le Comité central.” Le ministère de l'Intérieur sera également saisi pour “infraction à la loi sur les partis”, sans compter la plainte pour agression contre des membres du Comité central. En plus, les contestataires vont demander l'ouverture d'une enquête sur les comptes du parti. Sur la base de déclarations faites par un proche de Belkhadem, ce dernier aurait octroyé des marchés de gré à gré à des proches du bureau politique. De plus, les “baltaguia” ramenés de plusieurs wilayas ont été payés sur le budget du parti, selon les contestataires. Enfin, ceux-ci lancent un appel aux militants de base afin qu'ils dénoncent, à travers des pétitions, l'actuel SG et réclament son départ. De son côté, la commission des sages a rendu publique une déclaration où elle dénonce ce qui s'est passé avant et pendant la session du Comité central. Les contestataires n'ont, donc, pas l'intention de s'avouer vaincus et promettent de continuer la guerre qui les oppose au SG du parti. Le feuilleton du FLN n'a pas encore connu son épilogue. Belkhadem a gagné une nouvelle bataille, mais il est loin d'avoir gagné la guerre. Au prochain épisode ! A B