La brigade mobile de la police judiciaire (BMPJ) de Collo vient de démêler l'intrigue qui a suscité plus d'une année durant un grand mystère dans la région en parvenant à mettre la main sur les auteurs d'un crime commis il y a plus de 15 mois. Les personnes incriminées au nombre de cinq ont été présentées au courant de cette semaine devant le parquet de Collo qui a ordonné leur mise en détention. La genèse de cette rocambolesque énigme remonte au 24 septembre 2004, quand le jeune B. Aïssa a été piégé par des membres du réseau qui lui tendirent une souricière pour s'emparer de son véhicule. Originaire de Bib El Ouidène dans la daïra de Tamalous, le jeune Aïssa a été d'abord mis en confiance par F. Salah, 45 ans qui le convainc de l'accompagner à Collo. Arrivés à Lemsaskha, une dechra située sur les hauteurs ouest de Collo, B. Aïssa gare son véhicule et entre en compagnie de Salah dans une maison appartenant à un navigateur travaillant à Skikda. Ils sont accueillis par deux autres complices, M. Ali, 49 ans, et D. Youcef, 28 ans. L'un d'eux sort un pistolet automatique et tire à bout portant sur le jeune Aïssa. Son corps sera par la suite ligoté et traîné dehors. La nuit, les trois complices creusent une tombe dans le jardin de la maisonnette et enterre leur victime. Le véhicule est mis dans le garage dans l'attente de trouver un acquéreur. Le lendemain, et soucieux de cacher toutes les traces du crime, les assassins ramènent plus de 10 pieds de vigne pour les implanter sur la tombe de Aïssa. Cherchant à en finir définitivement avec leur victime, ils s'amuseront les jours suivants à appeler les membres de sa famille pour leur apprendre que leur fils venait de rejoindre les terroristes qui infestaient la région et qu'ils ne risquent plus de le revoir. Cette thèse avait d'ailleurs circulé avec insistance à l'époque dans la région. Tout le monde s'était alors accordé à conclure que Aïssa se trouvait au maquis. Entre temps et quatre mois après leur forfait, les assassins et leurs complices tenteront de vendre le véhicule de Aïssa sans y parvenir. Malédiction ? Le commissaire de la BMPJ de Collo avance que le premier acheteur s'est désisté à la dernière minute et qu'une fois sorti du garage, le véhicule s'est précipité étrangement dans un ravin obligeant les assassins à l'abandonner. La découverte du véhicule de Aïssa, quatre mois après sa disparition, est venue à point pour susciter toutes les inquiétudes possibles et la vox populi s'est alors emparée de l'histoire. On chuchotait, ici et là que Aïssa aurait été tué par X. Les rumeurs les plus folles ne faisaient que circuler mais aucune preuve matérielle n'est venue confirmer ou infirmer ces « racontars ». On en restera là et les mois passèrent. Puis, il a juste fallu qu'un jeune salafi loue la maison du crime et qu'un jeune commissaire passe par le coin pour que le mystère se dissipe. Le nouveau locataire de la maison n'a à aucun moment caché ses appréhensions, raconte le commissaire de la BMPJ de Collo qui continue : « En ayant vent de cette histoire et des rumeurs qui circulaient au sujet de la maison, on a décidé de rouvrir le dossier. Nous nous sommes déplacés mardi dernier pour discuter avec le nouveau locataire. En longeant la maison, la présence massive de pieds de vigne sur une petite parcelle de terre a attiré notre attention. Ce n'était pas normal et le plus profane en agriculture n'aurait pas agi de la sorte en densifiant les plants. On a déterré un plan puis on a continué à creuser. A moins d'un mètre de profondeur, on a trouvé un soulier. Une basket avec le squelette du pied ! On a alors arrêté pour alerter le procureur général qui nous a ensuite autorisés à déterrer le corps en présence des autorités compétentes. On a par la suite demandé au frère de Aïssa de venir voir les reste des vêtements. Il est venu et a reconnu formellement le cadavre de son frère grâce à une dent brisée. » La suite de l'enquête n'allait pas trop tarder, puisque les policiers arriveront à arrêter en moins de 24 h les assassins qui finiront par avouer leur crime. Comme quoi le crime n'est jamais parfait.