Lundi, sept heures du matin, les ruelles de Bab D'zaïr sont vides. Un calme reposant y règne. Quelques déchets sont éparpillés comme à l'accoutumée dans différents recoins, mais aucune trace des commerçants à la sauvette. Pas plus loin que jeudi dernier, leurs cris et leurs tables de fortune bourrées de marchandises envahissaient les lieux. «Enfin, les autorités ont réagi. On n'avait même pas droit à une grasse matinée en ce jour de week-end, s'exclame Farid, résidant de la cité 300 Logements à Bab D'zaïr. Ils étaient juste en dessous de nos fenêtres et la pagaille qu'ils causaient était insupportable.» En effet, vendredi matin, les autorités locales ont fait une opération coup-de-poing pour déloger les marchands à la sauvette de l'avenue Belkacem El Ouzri, et le boulevard des Martyrs (ex-rue d'Alger). Selon le président de l'Ugcaa de la wilaya de Blida, M. Boukri, quelque 200 commerçants y ont été recensés. Cette opération intervient après deux autres similaires à Ouled Yaïch et Larba. Dans la première, les autorités locales ont procédé à la destruction d'un immense marché informel situé au cœur de la ville. Les 120 commerçants qu'il comptait ont été placés provisoirement dans une autre placette en attendant la réalisation d'un marché couvert. A Larba, les 150 commerçants activant dans l'informel en face du marché communal ont vu leurs baraques rasées. Aujourd'hui, ils sont sans endroit fixe. «Il est vrai que l'Etat nous a promis de nouveaux espaces, mais jusqu'à la réalisation de ces endroits formels, nous sommes condamnés au chômage et nos enfants à la faim», s'emporte un de ces commerçants. Selon M. Boukri, la wilaya compterait quelque 5000 commerçants informels. «Leur nombre, explique-t-il, a connu un boom ces derniers mois. Dès que la rumeur s'est répandue dans la wilaya que les autorités leur préparaient de nouveaux endroits, tous les jeunes chômeurs se sont lancés dans l'informel.» Rien qu'au marché Guessab, on dénombre quelque 450 intervenants. A Boufarik, la situation n'est pas des moindres. Il existe 270 commerçants illicites dont 150 sont localisés à Zenkat El Arab, officiellement nommée boulevard des Fidayine. Leur présence n'a pas cessé de faire bouger la société civile boufarikoise pour l'éradication de ce fléau. «Nous espérons que les autorités ne feront pas appel à la violence. Nous leur demandons la désignation de nouveaux endroits, sinon carrément la réexploitation des anciens Souk El Fellah et les Galeries», dit notre interlocuteur. Dans ce sens, il déclare que l'Union générale des commerçants et artisans de la wilaya de Blida a proposé plusieurs endroits tels que Bounaâma El Djilali et Ben Boulaïd à Blida, ceci en espérant que les autorités locales ne tarderont pas à recaser ces petits commerçants.