La permissivité des autorités a donné du cran aux vendeurs à la sauvette qui n'hésitent pas à squatter les abords immédiats des marchés couverts et des ruelles du centre-ville de Blida. Après avoir été chassés, difficilement d'ailleurs, de la rue d'Alger, qu'ils ont transformée en un hideux marché rural, les voila qui s'attaquent au marché Guessab, une enceinte couverte en plein centre-ville. Alors que les gros moyens ont dû être employés, il y a de cela une année, pour les déloger de la rue d'Alger et ses abords, en plein centre-ville de Blida, les vendeurs à la sauvette se sont rabattus sur une surface, près du marché Guessab qu'ils ont squattée depuis lors. Mais s'ils étaient quelque 150 au début à investir cet endroit et à y dresser leurs étals, leur nombre a plus que quadruplé ces derniers jours. D'ailleurs, l'aire de stationnement qu'ils occupaient ne leur suffisait plus et même les clients trouvent du mal à circuler entre les tables accolées les unes aux autres. Pour des considérations objectives et par mesure d'apaisement, les autorités locales ont laissé faire jusqu'à il y a un peu plus d'une semaine, quand la décision de leur interdire cet endroit a été prise. En effet, la situation ne pouvait perdurer ainsi, surtout que des marchés de type parisien leur ont été proposés mais qu'ils ont refusés pour diverses raisons. Toutes les solutions préconisées par les autorités locales ayant été rejetées par les vendeurs, la décision de leur évacuation a été prise et interdiction leur a été signifiée d'occuper les lieux à partir de la semaine dernière. Un gagne-pain amer Les vendeurs, ne l'entendant pas de cette oreille, ont été quelques dizaines à se rendre à la wilaya pour y déposer leurs doléances. Au niveau du marché Guessab et de la gare routière, les avis sont plutôt mitigés, selon que l'on se place d'un côté ou de l'autre de la barricade. Bien entendu, les vendeurs à la sauvette défendent leurs gagne-pain mais ils refusent de se rendre à l'évidence que tout commerce doit être régi par des règles strictes à respecter par tous. Ils affirment qu'ils ne font que vivoter, qu'ils ne gagnent pas assez pour pouvoir payer toutes les charges (loyer, électricité, impôts, etc..) et qu'ils vendent leurs marchandises à bas prix, aidant ainsi les pauvres à s'approvisionner à moindre frais. Ils rappellent, en outre, que s'ils étaient obligés de payer toutes ces charges, la plupart d'entre eux se retrouveraient au chômage et pourraient même choisir une autre voie pour gagner de l'argent, ont tenu à déclarer certains trabendistes que nous avons trouvés jouant au chat et à la souris avec la police. Ils étaient encore une vingtaine avant-hier à ne pas avoir décroché, portant leurs marchandises sur les bras, vantant la qualité et le bas prix, l'œil et l'oreille aux aguets, prêts à se sauver à la moindre alerte. Bien sûr, la qualité n'a pas sa place ici, mais les personnes aux bas revenus dont font partie quelques fonctionnaires semblent trouver leurs comptes. Les commerçants soulagés Les commerçants légaux installés à l'intérieur du marché Guessab sont d'un tout autre avis. Tous se disent satisfaits de la décision d'interdire le commerce informel qui a mis, selon eux, beaucoup de temps à être prise. Ils affirment que les vendeurs à la sauvette, qui ne paient ni impôts ni autres charges, peuvent «évidemment se permettre de vendre moins cher.» C'est de la concurrence déloyale. «Avec les prix qu'ils pratiquent, il est tout à fait normal que les clients se bousculent chez eux», commente un commerçant. Un autre nous avoue que la situation est devenue un non-sens qui, heureusement, vient d'être corrigé. Il ajoute, satisfait, que «les affaires ont repris de belle manière, la preuve le marché ne désemplit pas et nous vendons deux ou trois fois plus que nous le faisions avant». Concernant les prix pratiqués à l'intérieur du marché, les commerçants répondent qu'il s'agit d'une «fausse impression». Voyez de vous-même, nous dit-on. «Le marché est plein de monde et les gens achètent quel que soit le prix». Il est fort clair que les affaires des commerçants établis à l'intérieur du marché Guessab marchent bien, vu le nombre impressionnant de clients. D'ailleurs, il faut faire preuve de patience pour pouvoir se déplacer parfois à contre-courant d'une véritable marée humaine, composée à près de 70% de femmes.