Le procès des quatre militants inculpés pour «incitation à attroupement» aura lieu aujourd'hui à partir de 13h30 au tribunal de Bab El Oued. Les quatre activistes, syndicalistes et défenseurs des droits de l'homme Yacine Zaïd, Abdou Bendjoudi, Othmane Aouameur et Lakhdar Bouzidi doivent répondre des charges qui pèsent à leur encontre, après un premier renvoi de l'affaire en juin dernier. Ils avaient été arrêtés, au mois d'avril, alors qu'ils prenaient part à un rassemblement de soutien à Abdelkader Kherba, qui lui-même avait été condamné pour avoir participé à une manifestation de soutien aux greffiers grévistes. «Ils sont poursuivis sur la base ‘d'incitation à attroupement', ce qui est une accusation fallacieuse et non fondée. Ils ne faisaient que témoigner leur solidarité, avec des pancartes, dans le calme et pacifiquement», affirme maître Noureddine Benissad, président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH) et membre du collectif d'avocats en charge de la défense des prévenus. «Et il n'y avait aucune incitation ou autre dans leur action de soutien. D'autant plus qu'il n'y a pas de dispositions pénales qui incriminent ce type de faits. Les conventions internationales, ratifiées par l'Algérie, garantissent pleinement le droit de se rassembler», plaide maître Benissad. «C'est un procès politique, un délit d'opinion, un harcèlement judiciaire inacceptable envers toutes les voix discordantes», s'indigne, quant à lui, Yacine Zaïd, syndicaliste et militant. «Le dossier de l'accusation est vide et il n'y a aucun élément à charge !», ajoute-t-il. «Nous encourons entre 6 mois et un an de prison. Mais étant donné mes antécédents avec cette justice aux ordres, je suis considéré comme ‘récidiviste' contrairement à mes co-accusés. Donc même si la condamnation est une peine avec sursis, je risque la prison ferme», s'inquiète M. Zaïd. Maître Benissad estime que le verdict dépendra de la volonté politique d'œuvrer pour une réelle indépendance et équité du système judiciaire. «Il y a un décalage immense entre les discours officiels et le terrain. Et nous verrons demain (aujourd'hui ndlr) si le nouveau gouvernement a effectivement l'intention d'œuvrer pour l'application de ses discours pleins de promesses», commente-t-il.