Dans une réponse adressée au secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Robert Ménard, le président du Parlement européen (PE), Josep Borrell, qui était en visite à Alger du 6 au 8 mars derniers, s'est dit « un peu surpris de voir que Reporters sans frontières se soucie de la liberté de la presse surtout en Algérie ». En effet, M. Ménard avait, rappelons-le, écrit au président du PE à la veille de sa visite à Alger pour le sensibiliser sur la liberté de la presse en Algérie. Dans sa lettre du 2 mars, M. Ménard avait souligné à M. Borrell que « depuis la réélection du président Abdelaziz Bouteflika en 2004, la presse algérienne est mise à mal ». Le SG de RSF ajoute que « censures, convocations à répétition, plaintes en diffamation émanant du pouvoir et partialité des juges sont le lot quotidien des journalistes algériens. Plus d'une centaine d'affaires de presse ont été enregistrées en 2005. Elles se sont soldées par des condamnations à des amendes et des peines de prison ferme ou avec sursis ». M. Ménard cite, en premier lieu, le cas de M. Benchicou, incarcéré depuis le 14 juin 2004, et dont l'état de santé « ne cesse de se détériorer ». Dans sa réponse, dont une copie est parvenue hier à notre rédaction, le président du PE, qui a eu, à Alger, des entretiens avec le président Bouteflika et le chef du gouvernement, indique que « la liberté de la presse est soumise à des restrictions dans tous les pays partenaires méditerranéens du Maghreb et que ces restrictions ne sont pas plus spectaculaires en Algérie qu'elles le sont dans les pays voisins ». Mettant un bémol aux alertes de RSF, M. Borrell plaide : « Il existe, selon moi, de bonnes raisons de penser que la liberté de la presse est davantage développée en Algérie que partout ailleurs dans la région. » Le président du PE précise que « dans une perspective européenne, il est important de plaider en faveur de la liberté de la presse dans tous les pays partenaires méditerranéens », avant d'expliquer que dans ce contexte « chacun de nous doit faire preuve de circonspection lorsqu'il s'agit de montrer du doigt tel ou tel pays, à moins qu'il soit évident que le pays en question restreigne tout particulièrement la liberté de la presse ». Cependant, ces déclarations, qui contredisent celles de RSF, n'ont pas empêché le président du PE de reconnaître que « la liberté de la presse fait l'objet d'importantes restrictions en Algérie ». M. Borrell dit avoir informé ses interlocuteurs algériens de l'inquiétude que suscite au PE l'existence même de dispositions prévoyant des peines d'emprisonnement pour diffamation dans le code pénal. Concernant le cas de M. Benchicou, M. Borrell rappelle que « les autorités algériennes ont constamment affirmé qu'il avait été emprisonné non pour diffamation, mais bien pour un crime de droit commun (trafic de devises) ». M. Borrell souhaite que le thème des réformes législatives en Algérie soit abordé par les ministres européens dans le cadre du conseil d'association avec l'Algérie, qui aura lieu incessamment.