La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a dénoncé, hier dans un communiqué mis en ligne sur son site internet, la condamnation en deuxième instance de Hakim Laâlam, chroniqueur au quotidien indépendant Le Soir d'Algérie. Le journaliste avait été condamné en première instance, la semaine dernière, à six mois de prison ferme pour outrage au président de la République. La cour d'Alger a confirmé ce verdict conduisant le journaliste à faire un nouvel appel auprès de la Cour suprême. La condamnation d'un journaliste en appel marque une nouvelle étape dans le harcèlement juridique dirigé contre la profession », a déclaré Aidan White, secrétaire général de la FIJ, avant d'ajouter que « la mise en œuvre de ces procès en appel représente une menace sans précédent pour tous les journalistes algériens qui veulent encore faire leur travail ». La FIJ rappelle que pas moins de vingt journalistes ont été condamnés à de la prison ferme par la justice algérienne entre 2005 et 2006. « Les autorités algériennes conduisent une politique de répression systématique contre les quelques voix indépendantes qui osent encore s'exprimer », a déclaré Nadir Benseba, coordinateur du centre d'Alger de la FIJ. « Depuis l'incarcération du directeur du Matin, les observateurs ne se font plus d'illusions sur les intentions des dirigeants politiques à museler la liberté d'expression et à emprisonner quiconque oserait critiquer les actions du gouvernement », a-t-il commenté. La FIJ rappelle que le président Bouteflika avait annoncé au début de son investiture à la présidence de la République en 1999 qu'il ne mettrait aucun journaliste en prison pour ses écrits. En outre et à l'occasion de la visite officielle de Josep Borrell en Algérie du 6 au 12 mars 2006, Reporters sans frontières (RSF) a appelé le président du Parlement européen à entreprendre des démarches diplomatiques en faveur des droits de l'homme et de la liberté d'expression dans le pays. Selon cette organisation, « la presse algérienne est mise à mal. Censures, convocations à répétition, plaintes en diffamation émanant du pouvoir et partialité des juges sont le lot quotidien des journalistes algériens. Plus d'une centaine d'affaires de presse ont été enregistrées en 2005. Elles se sont soldées par des condamnations à des amendes et des peines de prison ferme ou avec sursis. Certaines sont encore en cours d'instruction ». Elle cite quelques exemples des « atteintes à la liberté de la presse ». Mohamed Benchicou, directeur du Matin, est incarcéré à la prison d'El Harrach depuis le 14 juin 2004. Le caricaturiste Ali Dilem a été condamné, le 11 février 2006, à une année de prison et 50 000 DA d'amende pour des caricatures du président Abdelaziz Bouteflika parues dans le quotidien Liberté en octobre et novembre 2003. Kamel Bousaâd et Berkane Bouderbala, directeurs respectivement des hebdomadaires arabophones Errisala et Essafir, ont été arrêtés le 12 février 2006 pour avoir reproduit des caricatures du Prophète de l'Islam publiées dans un quotidien danois. Hakim Laâlam, chroniqueur du quotidien Le Soir d'Algérie, a été condamné à six mois de prison ferme ainsi qu'à une amende de 250 000 DA. RSF formule des recommandations dont la modification du code pénal afin de supprimer les peines de prison pour les délits de presse, la fin du monopole sur la radio et la télévision, l'ouverture d'enquêtes dans les cas d'agression ou de menace à l'encontre de professionnels des médias et la levée du monopole sur la publicité publique. Aujourd'hui, l'Agence nationale d'édition et de publicité (ANEP) se donne les moyens « d'étrangler financièrement les journaux dont la ligne éditoriale critique le pouvoir ». RSF demande aussi la libération de Mohamed Benchicou. Robert Ménard, SG de RSF, souhaite que le président du Parlement européen évoque avec Abdelaziz Bouteflika ces questions lors des entretiens. Par ailleurs, et tout en affirmant sa solidarité pleine et entière avec Dilem, Hakim Laâlam et tous les journalistes interpellés ou condamnés, tout en rappelant l'emprisonnement injuste de Benchicou, le CCDR dénonce et condamne toutes ces actions répressives comme il appelle toutes les forces patriotiques républicaines à se mobiliser et à s'unir pour défendre les libertés.