Plus d'un millier de participants, dont une cinquantaine d'étrangers, sont attendus, jeudi 23 mars au Palais des nations, à Alger, pour prendre part à la Conférence nationale des barreaux d'Algérie, dont les travaux seront ouverts par le président de la République. L'événement est d'une grande importance non seulement par le nombre de participants qu'il va drainer et les différentes interventions prévues durant les deux journées, mais également par le fait que la conférence coïncide avec la commémoration du 49e anniversaire de l'assassinat de Ali Boumendjel, le 23 mars 1957, par ses tortionnaires de l'armée coloniale. L'Union des barreaux d'Algérie, initiatrice de ce rassemblement professionnel, a sciemment choisi cette date symbolique pour mettre en exergue le combat des avocats algériens, qui ont troqué leurs robes noires pour celles de juges et permettre à la justice de continuer à fonctionner après le départ des magistrats français. Il est également question de lever le voile sur une partie importante de l'histoire du pays, à travers l'engagement et le sacrifice de nombreux avocats pour l'indépendance. Le programme comprend aussi un autre chapitre consacré au regard que portent les avocats sur la réforme de la justice, ses points forts et ses points faibles. De même qu'il est prévu des communications sur le rôle des robes noires dans la défense des libertés et la consolidation de l'Etat de droit, la justice internationale à double vitesse et la place des avocats dans le nouveau contexte de la mondialisation et de la modernité. Le volet socioprofessionnel des robes noires sera à l'ordre du jour et constituera certainement le point focal, dans la mesure où la profession a connu des étapes houleuses ces dernières années à travers sa relation avec la chancellerie et les magistrats, le manque de formation, les atteintes au code d'éthique et de déontologie et la réorganisation pure et simple de la profession. Des thèmes sujets à de longs débats, surtout par la nouvelle génération d'avocats. Bien évidemment, puisque la conférence intervient dans une période marquée par la mise en application des dispositions de la charte pour la paix, l'Union des barreaux a inscrit à l'ordre du jour de cette rencontre des communications axées sur le concours de la défense dans la concrétisation de la charte sur le terrain. Maître Sellini, président de l'Union nationale des barreaux, a expliqué qu'il s'agit là d'une première rencontre qui regroupera autant de professionnels du droit qu'ils soient nationaux ou étrangers. « Nous avons déjà retenu 1250 participants. Plus de 900 sont des avocats délégués par leurs pairs au niveau des différents barreaux. Nous aurions pu avoir bien plus, mais il est impossible de trouver une salle qui a ces capacités. C'est la première fois depuis 30 ans que l'union a pu réunir autant d'avocats, en dépit du fait que le statut de notre organisation prévoit au moins tous les trois ans une telle manifestation. Une cinquantaine d'invités étrangers, notamment des barreaux méditerranées, européens et arabes, ont confirmé leur participation à cette conférence que nous espérons une tribune pour profiter des expériences... », a déclaré maître Sellini. Parmi les invités étrangers, l'avocat a cité l'Union internationale des avocats, l'Union des avocats arabes, la Conférence des barreaux francophones, l'Association des barreaux américains (ABA, une association d'avocats et de magistrats américains), l'Association des juristes démocrates, les barreaux des pays du Maghreb, d'Italie, de France, d'Espagne, de Roumanie et de Belgique. A signaler enfin que l'organisation semble poser problème, notamment pour les accréditations des journalistes. Dimanche dernier, les rédactions ont été contactées pas le service de communication du ministère de la Justice pour avoir la liste des journalistes chargés de couvrir la conférence. Le lendemain, la Présidence prend le relais pour demander elle aussi les noms des journalistes. Pourtant, à ce jour, le principal organisateur de cette conférence, qui est l'Union des barreaux, n'a toujours pas pris attache avec la presse.