Khaled amorce un retour tonitruant avec un nouvel album intitulé C'est la vie. Et contre toute attente, ce n'est pas du raï ! Un opus frais émoulu plutôt technoïde faisant dans de l'electronica. Le titre éponyme C'est la vie est l'un des tubes de l'été Un come-back surprenant pour les puristes et agréable pour les clubbers. Khaled, le roi du raï (Trig Lycée, Didi, Aïcha), se repositionne et change complètement de registre, musicalement parlant. Il a décrit un virage à… 360° ! Depuis longtemps, il ambitionnait des featurings internationaux (très vendeurs). Il avait déjà tenté l'expérience avec le guitariste et chanteur américain, Carlos Santana, avec le titre Love to the people, en 2007. Mais ce bonus track de l'album Ya Rayi était passé inaperçu, et ce, malgré une tournée de Khaled et Santana aux USA et en Europe, notamment à Bercy (Paris, France). Ambition toujours affichée, Khaled, après Safy Boutella, Michael Brooks, Dan Was, Steve Hillage ou encore Martin Meissonnier, a fait appel à un grand producteur américain portant bien et beau son nom, Red One, le faiseur de rois et de reines actuels. Red One, d'origine marocaine, de son vrai nom Nadir Khayat, ne cesse de monter au firmament dans le club très serré des «masterminds» de la pop actuelle, comme Will I Am, Timbaland ou encore Mark Ronson (l'auteur de Rehab immortalisé par Amy Winehouse). Red One, faiseur de rois et de reines Pedigree discographique de Red One : il a conçu les hits de Lady Gaga, Nicki Minaj, Kat Deluna, Jennifer Lopez, Mika, Kat Deluna, Enrique Iglesias, Space Cowboy, Ciara, Shakira, Michael Jackson, Nicole Scherzinger, Usher, Mary J. Blige, Paulina Rubio, Lionel Richie, Justin Bieber, DJ Havana Brown, Pitbull, Usher, Taio Cruz, Mohombi, Kelly Rowland. Red One est un faiseur de reines, surtout ! A titre d'exemple, Judas et Hair de Lady Gaga ou encore On the Floor de Jennifer Lopez, c'est lui ! Déjà, au mois de mai dernier, lors de son passage très remarqué au festival Mawazine de Rabat (Maroc, 176000 spectateurs lors de son concert), Khaled avait annoncé sa collaboration avec Red One. «J'ai un album en chantier. Je suis entré en studio depuis juin 2011. Il devrait sortir en septembre prochain. J'ai une chanson intitulée Harraga (chaâbi-assimi). J'ai aussi une collaboration avec le grand producteur et compositeur Red One. Il me réalisera plusieurs titres. Histoire de ‘‘toucher'' les Etats-Unis. Ce sera une fusion...», avait-il dévoilé alors. Aussi, Red One et Khaled ont réussi ce que les politiques et les décideurs n'ont pu accomplir : Maghreb United ! Comme dirait le rappeur Rim-k leader de 113. Un producteur marocain, un chanteur algérien, un beat fusionnel, une magie dans l'air…et la chanson. Un sacré tandem ! L'album C'est la vie a été enregistré à Tétouan ( Maroc) et à Stokholm (Suède). «Nous avons enregistré un hallucinant album de mon frère (my brother dit-il en anglais) Khaled, dans mon studio à Tétouan…», distillera Red One. Durant l'été déjà, Red One avait annoncé sur twitter - pour le plan-media world - qu'il collaborait avec un grand artiste. Histoire d'entretenir le suspense : «Bientôt, je vais ‘‘balancer'' un titre. Un hit !...Oui ! C'est cheb Khaled ! Didi, Aïcha…Le roi du raï. Je sais que vous allez aimer ce que nous faisons, ici à Stokholm…». Dans un autre twitt, il révèlera avec fierté : «C'est la vie est n°2 en Suède…» Featurings : Pitbull, Mazagan, Marwan L'album proprement décline 12 titres. L'éponyme C'est la vie est une sorte de compromis entre une biguine antillaise très dance et un zouk hypnotique et choral. Un titre conçu pour les discothèques, et, immanquablement, faisant le bonheur des clubbers. Les lyrics disent : «On va s'aimer, on va danser, c'est la vie !». Hya Hya s'inscrit dans la même veine des collaborations de Red One, puisque c'est un feat ( featuring, collaboration) avec le rappeur Pitbull annonçant une big dédicace (à la manière de «fi khater») : «Khaled ! Red One ! Mister worlwide (Pitbull himself) !» Une bluette dance faisant dans le quart de ton intégrant la derbouka (percussions), un compromis entre le oud, une sorte de «balalaïka», un accordéon synthétique et autres violons avec une estampille «electronica». Et avec en prime un «gimmick» (un couplet en anglais watching you, watching me) à l'effet «drogue». Les textes sont antinomiques. Khaled dit : «C'est elle qui a voulu/ elle a délaissé sa maison…» Pitbull réplique autre chose dans ses lyrics : «Je t'ai fait tomber amoureuse/ Je suis un voleur avec un cœur/ Pour moi, c'est un art/ Les dames d'abord, quand j'ouvre les portes/ j'ai un esprit ouvert, laisse-moi ouvrir le tien/ Viens me voir quand je suis en tournée/ Mais avant besitos mi amor…» Ana Naâchak, une autre chanson insulaire très «zouk» pianistique aux notes blue, non fleur blue ! Ambiance footballistique ! Encore une fois, c'est de la ‘‘variet'' française. Dima Labass, un feat avec le groupe marocain Mazagan, est un steady rock (reggae) nonchalant à la manière de Oueli Darek rehaussé par de karkabou, riffis funky et autres tempo de synthèse. Elle est partie est une reprise mariant notes chaâbies, gypsy, latino, manbo jazzy, mettant l'emphase sur le banjo et clarinette. Leïla, un feat avec le Libanais Marwan, une très ballade romantique R'n'b, une réussite de cet album. Et cela n'a rien à avoir avec Wadi Safi ou encore Eric Clapton. Andalucia, une sérénade andalouse, ardente, tex mex, car electro-acoustiquement. Harraga est un titre qui sonne chaâbi-assimi (nostalgique), dans la même essence et fragrance orchestrales et mélodiques de Ya Rayah du regretté Dahmane El Harrachi (déjà repris par Rachid Taha). Une chanson triste et dramatique parlant de ces jeunes candidats à l'exil forcé. C'est la deuxième expérience de Khaled en matière de chaâbi après El H'mam de cheikh El Hadj M'hamed El Anka dans l'album Ya Rayi. A titre indicatif, Elle est partie, Andalucia et Harraga ont été arrangées par Jean-Claude Ghenassia, fils du chanteur Enrico Macias. Bab El Djena, une ode déclamée à l'endroit de sa maman. Une valse filiale maternelle galvanisée très forte, intense et pathétique. Dans l'album Liberté, Khaled avait rendu hommage à son défunt père avec le titre Papa. Wili Wili, un track electro-dance. Et puis, Samira, de toute évidence et sans ambages, est une déclaration à destination de sa femme, son autre moitié. Une chanson festive, joviale et insouciante dans la tradition de la variété frenchy, où Khaled fait sortir les violons et archets de l'Orient. On découvre le Khaled crooner et chanteur de charme. C'est un Khaled différent, mais pas indifférent pour ses fans (de la première heure et de la nouvelle génération) qui est de retour. C'est beau, c'est frais, c'est jeune ! Khaled/C'est la vie (AZ/Universal) 1 CD/ septembre 2012