Inscrit au départ sous le signe de la rigueur budgétaire, le projet de loi de finances (PLF) pour 2013 poursuit au final un double objectif. Celui de consolider les missions de service public sans alourdir le déficit budgétaire. La note de présentation du PLF 2013 est ainsi empreinte dans son volet économique de ce souci de paix sociale, via le maintien de postes de dépenses liées aux transferts sociaux et aux rémunérations. Le chapitre consacré aux équilibres budgétaires est certes prolifique en arguments chiffrés censés justifier la baisse des dépenses, mais résume par ailleurs les objectifs gouvernementaux pour 2013 : réduire les crédits aux infrastructures économiques et administratives, ainsi qu'à l'agriculture et l'hydraulique et ne tenir compte que des investissements dans le secteur de la santé, de l'éducation et de l'enseignement supérieur. Telle que conçue par ses rédacteurs, «cette rationalisation des choix budgétaires» permettra ainsi une réduction de 9,8% des dépenses d'équipements qui passeront de 2820,4 milliards de dinars prévus par la LFC 2012 à 2544,4 milliards de dinar en 2013. Sur ces crédits de paiements, un peu plus de 1800 milliards de dinars seront destinés aux investissements. Aussi, et c'est un autre signe de la luxueuse austérité que le texte étrenne, les autorisations de programmes (AP) au bénéfice de projets neufs ont été réduites impliquant ainsi une baisse de plus de 21% du montant global des AP, lequel se trouve grevé de plus de 600 milliards de dinars. Cependant, ce rigorisme feint n'empêchera pas le gouvernement de se permettre de nouveaux recrutements dans la Fonction publique. Suivant ad litteram l'injonction à l'amélioration des services publics, le PLF 2013 prévoit l'ouverture de près de 53 000 nouveaux postes, dont 80% seront orientés vers 5 grands secteurs, à savoir l'Intérieur et les Collectivités locales, la Santé, l'Enseignement supérieur, l'Education nationale et enfin les Finances. Ce qui ne manquera pas d'affecter le budget de fonctionnement aux dépenses de nature incompressibles qui foisonne déjà de meurettes destinées à enterrer un peu plus une colère populaire toujours retenue. S'il est vrai qu'on annonce un recul de 12% des dépenses de fonctionnement à un peu plus de 4300 milliards de dinars, il faut retenir que cette réduction n'est due qu'à la non-reconduction du montant des rappels induits par l'application des nouveaux régimes indemnitaires de la Fonction publique, inscrit dans la LFC 2012. Les dépenses de rémunération des personnels baisseront ainsi de 9% et les subventions de fonctionnement reculeront de 16,9%. Les contributions publiques au profit de l'ONIL et de l'OAIC baisseront également et respectivement de 17 et de 6,2 milliards de dinars. Les rédacteurs du projet insistent cependant sur la prise en charge par l'Etat des aides au profit des ménages défavorisés et du soutien aux prix des produits de base, via notamment les soutiens aux pensions de retraites et les dispositifs d'aide à l'emploi. Le gouvernement garantit, vanitum vanitas, le train de vie de ses services et institutions via une dotation stabilisée de plus de 173 milliards de dinars au titre des «matériels, fonctionnement et entretien des services». Ces dépenses opposées des recettes budgétaires de 3820 milliards, l'exercice 2013 devra une foi encore inscrire un déficit budgétaire et non des moindres, puisqu'à plus de 3000 milliards de dinars, il représente près de 19% du produit intérieur brut (PIB), bien que l'on sache que ce déficit sera couvert par la fiscalité pétrolière non budgétisée et prélevée sur le fonds de régulation des recettes. Il faut noter, dans ce sens, que le PLF 2013 axe ses prévisions de recettes budgétaires sur un baril de référence de 37 dollars contre un pronostic de prix moyen du baril de Sahara Blend en 2013 de 102 dollars avec des volumes exportés en croissance de 4%, pour un taux de change du dinar en nette régression à 76 DA pour un dollar. Il table aussi sur un retour du taux d'inflation moyen de 4% en 2013, tranchant avec l'évolution de l'indice des prix à la consommation, lequel a augmenté au premier semestre 2012 à 9,3%. Cette stabilisation de l'inflation est expliquée notamment par l'atténuation «de l'influence des hausses des salaires». Les prévisions tablent également sur un taux de croissance de 5% et une baisse des importations en valeur en recul de 2%. Toutefois, il faut noter que malgré cette baisse, la valeur des exportations ne couvre actuellement que 133% des importations de biens et services. C'est dire la fragilité de l'aisance financière dont jouit pour l'heure le pays.