L'auteur du Guide d'Algérie, Marc Cote, était lundi l'invité de la ville d'El Khroub où il devait animer une conférence consacrée à la problématique des nouvelles villes de Constantine, précisément celle de Ali Mendjeli et à un degré moindre Massinissa. Durant près de deux heures, l'éminent géographe s'est appliqué à expliquer le pourquoi et le comment de la naissance de tels ensembles urbains, devenus aujourd'hui une réalité, suscitant à différents niveaux des appréciations mitigées. Fallait-il recourir à une telle stratégie pour faire face au débordement démographique ? Marc Cote répond par l'affirmative, en citant les exemples de Tunis, d'Agadir, du Caire et de Annaba et en relatant la genèse de la décision algérienne qui remonte aux années 1970, après la prise de conscience enregistrée au niveau des décideurs comme au niveau des urbanistes pour parer problème de surdensification qui commençait à se poser avec acuité. Le cas de Constantine est intéressant à étudier, selon lui, de par ses acteurs et surtout ses étapes, sachant que le projet a pris quinze ans de retard avant d'être mis en œuvre. La vie bat son plein aujourd'hui dans les rues de la nouvelle ville de Constantine qui fait la taille de son chantier. L'heure est au bilan, avance le conférencier qui livre les chiffres de plus de 80 000 habitants, déjà installés à Ali Mendjeli, appelée à en recevoir 300 000. Cet exploit qui fait la fierté des pouvoirs publics engendre cependant de graves problèmes, notamment sur le volet sécuritaire. Des problèmes liés à la nature du bâti, mais aussi au peuplement et à la nature des populations bénéficiaires qui manquent de variété, selon M.Cote, et restent dominées par la ruralité. Il citera ensuite « le problème administratif », sachant que Ali Mendjeli, dépendant toujours des communes de Constantine et d'El Khroub, n'a pas encore gagné son autonomie de gestion, et que la participation de la population fait défaut. En dépit de ces obstacles, Ali Mendjeli recèle « des avantages intéressants grâce à son site unique, et les infrastructures qui y sont érigées sont capables de devenir un avantage structurant pour la ville », affirme Marc Cote, qui conclut en disant que « le temps des habitants est arrivé pour qu'ils s'impliquent davantage dans la gestion de leur cité et imaginent des schémas meilleurs ». Au cours du débat tenu en présence du wali, du président de l'APW, de l'ex-ministre Abdelhamid Aberkane et de nombreux urbanistes et universitaires, les interventions se sont multipliées pour souligner les problèmes générés par l'uniformité du peuplement et exprimer à demi-mot l'échec de la nouvelle ville. Une sentence repoussée par le wali qui a énuméré un chapelet de solutions pour répondre à ce souci, notamment le brassage qui devra se faire, entre autres, grâce à la construction de la ville universitaire. Il annoncera en plus l'idée du projet du Grand Constantinois qui pourra englober plusieurs agglomérations comme Aïn M'lila et Chelghoum Laïd, et rogner sur les wilayas limitrophes.