Plus d'un mois après le début de l'année scolaire, de nombreux établissements à travers le territoire national continuent de connaître un manque criant d'enseignants dans certaines matières. L'inquiétude des parents d'élèves devant cette situation et la surcharge des classes ont incité les syndicats du secteur à monter au créneau pour mettre la pression sur le ministère de l'Education nationale. Dans plusieurs établissements scolaires, les cours n'ont pas encore débuté en raison du manque d'enseignants dans plusieurs matières. «Un manque flagrant qui va mettre en péril le programme», jugent les enseignants. Les parents d'élèves, eux, s'alarment sur «le laxisme» de la tutelle pour prendre en charge ce problème «récurrent». Sur les 16 000 postes budgétaires ouverts pour cette année scolaire, seuls 10 000 sont destinés au corps pédagogique. «Ce nombre comble à peine les départs en retraite», soutient Idir Achour du Conseil des lycées d'Algérie (CLA). Selon les chiffres que détient le même syndicat, «les départs en retraite recensés pour la dernière année scolaire sont de l'ordre de 7000, à ceux-là s'ajoutent de nouveaux départs prévus pour l'année scolaire en cours. D'ici la fin de l'année en , tous les départs auront atteint 12 000, donc plus que le nombre des enseignants recrutés», explique M. Achour. Si le manque d'enseignants touchait essentiellement les maths et le français, d'autres matières sont concernées cette année. «Un manque criant d'enseignants de physique, d'anglais et de philosophie est également signalé un peu partout, au Nord comme au Sud», explique Khaled Ahmed, président de l'Union nationale des associations de parents d'élèves qui note, à titre d'exemple, que 115 enseignants manquent à Blida. 150 autres manquent à Béjaïa, Tizi Ouzou et Alger, au niveau du secondaire, révèle le CLA. La surcharge «phénoménale» des classes, constatée au début de cette année scolaire, est en partie la conséquence de ce manque de professeurs, estime Khaled Ahmed. Plusieurs syndicats, dont le Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Snapest), ont constaté des irrégularités dans l'organisation du concours de recrutement qui a eu lieu en août dernier. Le nombre de postes ouverts est jugé en deçà des besoins estimés à 32 000 enseignants, selon le Snapest, et à 50 000, selon le CLA, qui se réfère aux normes selon lesquelles une classe ne devrait pas dépasser 24 élèves. L'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) pose également le problème des enseignants qui n'ont pas encore rejoint leur poste. Les directions de l'éducation disposent d'un délai fixé avant de pouvoir puiser des listes d'attente des enseignants lauréats du dernier concours, explique Messaoud Amraoui, membre du conseil national de ce syndicat. Selon les informations fournies, les wilayas d'Adrar, Tamanrasset et Illizi sont celles qui souffrent le plus de ce problème. Depuis plusieurs années, des élèves sont «privés de cours de français, d'où la nécessité de les dispenser de l'épreuve de langue étrangère à l'examen de fin de cycle primaire». Le directeur des ressources humaines du ministère de l'Education nationale, Mohamed Boukhetta, évoque la possibilité de recourir aux enseignants d'autres wilayas qui ont passé le concours de recrutement en août dernier. La procédure qui doit être adoptée par la Fonction publique n'a pas encore été concrétisée, accusent les syndicalistes. Les parents d'élèves incriminent également les directeurs de l'éducation d'avoir «mal estimé» les besoins au niveau local. «Ces responsables ont donné de faux chiffres concernant les prévisions et les besoins, d'où la surcharge et les postes vacants», accuse l'association des parents d'élèves. Pour le CLA, le ministère de l'Education et la direction de la Fonction publique doivent impérativement revoir les modalités de recrutement et les critères de sélection. «L'université algérienne forme assez de diplômés dans les filières techniques qui peuvent fournir des professeurs de maths et de physique. Des compétences qui ne se trouvent pas uniquement dans les filières du système LMD, comme l'exige actuellement la tutelle», soutient M. Achour.