L'hôpital Ifri de la ville de Djanet, dans la wilaya d'Illizi, a connu, au courant de cette semaine, une activité particulière. Des centaines de consultations dans différentes spécialités ont été effectuées dans les deux importantes structures de la région par des médecins spécialistes du CPMC, qui se sont déplacés d'Alger dans le cadre d'une action bénévole organisée par l'association d'aide aux malades cancéreux Nour Douha. La population de Djanet a eu pour la première fois l'opportunité d'être examinée par des praticiens spécialistes. « Une chance à ne pas rater ». Le personnel médical local ainsi que la direction de la structure ont eu du mal à contenir le rush enregistré mardi et mercredi au niveau des deux structures. Le nombre de jetons préparés n'a pas suffi. Les vieilles femmes se sont installées à même le sol, alors que les plus jeunes, hommes et femmes, se précipitent vers les portes des salles de consultations. Les bureaux du cardiologue et de l'ophtalmologue ont été réellement pris d'assaut. Des cris de nouveaux-nés et des enfants en bas âge se confondaient avec le brouhaha dans les salles. Il a fallu l'intervention du directeur de l'hôpital, M. Atik, pour que les dizaines de personnes qui attendaient d'être inscrites soient réparties dans les différentes salles d'attente et attendre leur tour dans l'ordre. « C'est tout à fait normal de voir ce nombre de personnes venir se faire examiner. Nous n'avons pas de médecins spécialistes pour toutes les maladies. Nous avons un généraliste qui fait tout. Le gynécologue et l'ophtalmologue n'arrivent pas à prendre tout le monde en charge. En plus, la situation financière de ces malades ne leur permet pas de se soigner. Pour faire des analyses médicales, il faut traverser au moins 1400 à 1700 km pour aller à Ouargla ou à Ghardaïa. Pour se déplacer vers Alger, c'est encore plus compliqué. Il faut d'abord débourser 30 000 DA pour le billet d'avion, sans compter les dépenses pour l'hébergement et autres besoins », nous dira un jeune homme accompagnant sa maman. Les médecins ont eu à examiner, durant ces trois jours, chacun près d'une centaine de personnes, durant toute la journée. Lors de ces consultations, de nombreuses pathologies ont été détectées, dont des cardiopathies, le diabète sucré, l'hypertension artérielle, des maladies gynécologiques et des maladies ophtalmiques. 147 personnes ont été examinées, mardi, par le docteur Mazari, ophtalmologue du service ophtalmologie de l'hôpital Parnet à Alger, dont certaines ont nécessité une intervention chirurgicale. Hormis les cas de trachome et de glaucome, plusieurs patients présentaient une cataracte et un trichiasis (les séquelles du trachome). Parmi cette importante population touchée par ces maladies des yeux, une dizaine de malades ont été alors programmés pour subir une opération dans la journée d'hier. La première patiente est âgée de plus de 80 ans. Elle a perdu la vue depuis plus de deux années. L'intervention chirurgicale a été effectuée par le docteur Mazari et le docteur Taki, l'ophtalmologue de l'hôpital de Djanet, avec un plateau technique insuffisant, voire non performant, tel le microscope utilisé dans la salle d'opération. Mais cela n'a pas empêché les deux spécialistes de mener à terme leur mission. Celle d'opérer les dix cas présentant pour la majorité la cataracte.