Amir Cheriti est un jeune bédéiste qui vient de sortir, aux éditions Z-Link, à l'occasion de la tenue de la 5e édition du Festival international de la bande dessinée, son premier manga, intitulé Roda. Présent quotidiennement au stand Laabstoor, Amir Cheriti se prête avec beaucoup de sérieux à ses séances de vente-dédicace. Casquettes visée, ce jeune homme au talent avéré est prolixe quand il s'agit de parler de son dernier-né. Le personnage principal de cette histoire tirée de la fiction n'est autre que Roda.Un adolescent à l'allure excentrique, peu bavard, mystérieux et dérangeant à la fois. Roda est, en fait, un sans-abri. Il tente avec succès de transformer son quotidien et celui de son entourage, dans un bidonville, en une épopée. Roda est le remède de cette jeunesse désœuvrée. En effet, rongé par la misère et le mal-vivre, ces jeunes arrivent à oublier leurs maux grâce à leur nouveau camarade. Amir Cheriti confie avec fierté que cette bande dessinée est un hymne à tous les orphelins, ceux qui ont perdu leurs parents dans la guerre. Totalement fictionnelle, elle met en place des personnages attachants dont le destin n'est pas toujours glorieux. Avant de se lancer dans la bande dessinée, Amir Cheriti était dessinateur. Comme il l'explique si bien, la publication de son premier-né n'est autre que la suite logique des choses. Il a appris à dessiner en suivant les dessins animés diffusés sur la chaîne nationale. «Si c'était il y a dix ans, je n'aurais jamais fait de bande dessinée. Je l'ai fait par opportunisme, mais pas dans le sens péjoratif. C'est également grâce aux éditions Z-Link qui encouragent les jeunes que je me suis lancé dans la publication de bandes dessinées .» Bien qu'étant un parfait autodidacte, cela ne l'a pas empêché de suivre, à l'âge de 15 ans, une formation de dessin dans une Maison de jeunes. Cette dernière l'a initié à la règle de la perspective. Il travaille actuellement en tant qu'infographe dans une société. Amir Cheriti ne compte pas s'arrêter là. Il caresse le rêve de sortir d'autres publications. Les impressions et les encouragements du public le motivent à poursuivre cette voie de la création. «La bande dessinée demande un certain engagement surtout quand on est comme moi scénariste et dessinateur. Il faut maîtriser le procédé de A à Z», dit-il. A la question de savoir s'il veut en faire son métier.Il répond en disant que ce métier ne nourrit pas son bonhomme : «La bande dessinée n'est pas un gagne-pain. Il faut avoir un travail à côté et bien s'organiser afin de trouver le temps pour son hobby.»