Voici quelques années, le Plan informatique pour tous initiait l'intégration de l'outil numérique à l'école, avec la connexion de quelques établissements scolaires à l'Internet dans le cadre d'une expérimentation nationale. Quelques actions ont été engagées, cependant il reste beaucoup à faire pour intégrer les usages du numérique à l'école algérienne, notamment par la généralisation du cahier de texte numérique, plan école numérique rurale, expérimentation du manuel numérique, etc. Malgré une volonté politique pour faire bénéficier les élèves des outils numériques, l'école algérienne accuse un retard considérable quant à l'utilisation des technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement. Malgré ce cadre institutionnel, plusieurs questions demeurent afin que les usages du numérique apportent une efficacité aux apprentissages : quel est le nombre d'ordinateurs dans une école ? Dans un collège ? Dans un lycée actuellement ? Malgré tout leur intérêt, les outils numériques sont quasiment presque absents ou très peu implantés dans nos classes. Pourtant, ils sont à l'origine d'innovations pédagogiques majeures. Les outils numériques créent les conditions pédagogiques motivantes, en plaçant les élèves en situation d'activité individuelle ou collective. De plus, ils facilitent l'appropriation personnelle des notions étudiées, en permettant un travail individualisé au rythme de l'élève, en classe ou à la maison. Le tableau blanc interactif (TBI), à titre d'exemple, allie les avantages d'un écran tactile et de la vidéo projection. On peut y écrire, dessiner, etc., son contenu peut être enregistré et déposé sur une plate forme pour un travail personnel hors de la classe. Les apports pédagogiques des TBI sont considérables, de l'école primaire à la fin du second degré. Les usages observés montrent la possibilité d'un traitement collectif des notions travaillées. Cela est particulièrement vrai dans les écoles occidentales, notamment en mathématiques ou en langues vivantes. Toute la classe peut, par exemple, réaliser un travail collectif de visionnement d'une vidéo, ou de résolution d'un problème, puis interagir verbalement pour trouver les bonnes solutions. Grâce à l'interactivité, l'impact du TBI est évident. Cependant, les évolutions ne sont pas instantanées. Cet outil est souvent monopolisé par le seul professeur et produit alors un effet pervers en amplifiant la pédagogie frontale et magistrale. Le cours magistral au TBI est certes plus vivant, mais il n'est certainement pas interactif pour ses élèves. Il y a donc une étape majeure à franchir pour passer du modèle frontal de l'enseignement traditionnel au modèle interactif de la pédagogique numérique. Elle nécessite la formation des enseignants à l'usage des instruments numériques comme outils de construction individualisée et interactive des connaissances et des compétences. En effet, l'outil à lui seul ne peut modifier la pédagogie de l'enseignement ni les modalités d'apprentissage des élèves. Les outils de gestion de vie scolaire et de positionnement pédagogique ont facilité l'intégration des pratiques numériques dans le second degré tout en associant les familles. Les différentes applications disponibles sont régulièrement utilisées aujourd'hui, en France par exemple, et ce, d'autant plus que le cahier de texte numérique est devenu obligatoire depuis la rentrée 2011. C'est un outil précieux, car il facilite la concertation pédagogique et organisationnelle entre les enseignants. La charge de travail de l'élève est ainsi mieux contrôlée : les enseignants évoluent grâce à cet outil vers une harmonisation des modalités de travail et de contrôle des connaissances et des compétences. Les outils numériques s'appuient sur les pratiques des jeunes générations : l'école ne peut rester étrangère à une évolution qui affecte l'ensemble des sociétés à travers le monde. A l'école, l'usage du numérique accroît la motivation des élèves, car il crédibilise l'activité scolaire en l'accordant à la pratique sociale. Mais, pour autant, d'importantes difficultés se font jour en l'absence d'une formation des enseignants adaptée à la pédagogie du numérique. Les professeurs sont en effet rebutés, au départ, par les évolutions didactiques et pédagogiques que ces nouveaux matériels leur imposent. Un travail considérable devra donc être entrepris en direction de l'enseignant dans notre pays pour une formation initiale incluant l'appropriation de ces outils à des fins pédagogiques. Cela aidera à intégrer les changements induits dans l'acte d'enseigner par la responsabilisation croissante de l'apprenant. Il est temps que notre école algérienne soit engagée dans cette nouvelle dynamique, car le temps passe et les changements sont bien lents à se concrétiser. Ainsi, l'équipement de nos salles de classe est le fondement de l'édifice, assorti d'une politique volontariste de création des ressources pédagogiques numériques conformes aux besoins des enseignants. Ceux-ci doivent recevoir une formation adaptée à l'intégration des pratiques numériques à la pédagogie. En effet, cette formation doit prendre en compte tous les changements, non seulement techniques et didactiques, mais aussi culturels et sociaux induits par cette révolution. La mise en réseau des enseignants, pour un travail collaboratif, est le dernier maillon de cette nécessaire évolution. L'école algérienne doit résolument se doter des moyens d'entrer dans l'ère du numérique, car je pense que seul un accès direct aux outils numériques, encadré par un corps professoral formé, permettra à nos enfants d'acquérir les compétences dont ils auront besoin dans le monde de demain qui est déjà le leur.