Un nombre impressionnant de mérous bruns et de badèches, flottant à la surface de l'eau, ont été observés près des plages de Tamanart, du cap Bougarouni et de Collo à l'ouest de Skikda. «Ce phénomène étrange dure depuis deux semaines déjà et le nombre de mérous morts dépasse les 200 pièces, toutes tailles confondues», témoigne un pêcheur de la région, en précisant que la majorité des pièces observées, pesant entre 1 et 30 kg, étaient en état d'agonie. «Ils ne parvenaient plus à nager convenablement et n'arrivaient même pas à fuir lorsqu'on s'en approchait», ajoute la même source. Approché, le directeur de la pêche de la wilaya de Skikda a relevé que l'antenne de la pêche de Collo avait été avisée dès l'apparition du phénomène. «Les analyses réalisées par le vétérinaire de l'antenne font part de la présence de lésions cutanées et ophtalmologiques. Des taches jaunâtres ont également été observées sur le foie d'un poisson dont l'estomac présentait une certaine fermeté. Sur un autre, on a remarqué l'absence de toute lésion avec cependant la présence de trous parasitaires non encore identifiés. Des prélèvements ainsi que deux spécimens fraîchement ramassés ont été envoyés aux laboratoires de l'université d'Annaba pour des analyses approfondies. Pour le moment, on ne peut pas se prononcer quant à l'origine de ce phénomène ; il nous faut attendre les résultats des analyses», rapporte le directeur. Et d'ajouter qu'une équipe du Centre national de recherche et de développement de la pêche a été dépêchée par le ministre pour suivre l'évolution de la situation. Invité à donner son avis, le président du Comité national des marins pêcheurs (CNMP) a jugé que deux causes principales seraient à l'origine de cette perte de mérous bruns et de badèches : «La cause la plus plausible est en relation avec l'apparition inquiétante de l'algue tueuse colerpa taxipholia, qui commence à gagner du terrain sur nos côtes», explique-t-il. La deuxième hypothèse avancée est relative à «la prolifération de la pêche à la dynamite encore pratiquée sur nos côtes», selon la même source. Pour le docteur Derbal Farid, chef d'équipe au laboratoire de biologie des ressources marines de l'université d'Annaba et membre du groupe méditerranéen d'études sur le mérou, le phénomène n'est pas nouveau sur nos côtes : «En octobre 2011, nous avons déjà connu un phénomène identique dans le golfe d'Annaba, où des mérous et des badèches nécrosés présentaient presque les mêmes symptômes que ceux de la région de Collo.» Quant à l'origine du phénomène qui se répète à chaque mois d'octobre, il dira que «l'hypothèse d'une atteinte virale reste la plus plausible».