Outre la pollution de nos côtes, laquelle peut avoir comme conséquence la disparition totale du poisson d'ici à 2040, le Comité national des marins pêcheurs attire l'attention du consommateur sur le danger que représente la concentration de mercure dans ce produit de la mer. «D'ici à 2040, il n'y aura plus de poissons en Algérie à cause de la pollution des côtes», a averti hier le président du Comité national des marins pêcheurs, Hocine Bellout, lors d'une conférence de presse tenue au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens.Tirant la sonnette d'alarme sur les dangers qui entourent les 1 284 km et les 40 ports d'Algérie, M. Bellout a indiqué que le poisson qu'on consomme contient un taux élevé de mercure. «Manger 1 kilo de poisson à la fois peut être dangereux et fatal pour une personne en sachant que les Algériens consomment 400 000 tonnes de poissons…», reprendra-t-il. Le danger de disparition concerne également les ressources en fruits de mer et les algues. «Il y a, aujourd'hui, un manque flagrant d'oursins, de moules, de haricots de mer et des algues au bord de nos côtes sur les rochers, ce qui prouve que nos côtes sont polluées», enchaînera-t-il encore en soulevant le phénomène du déversement des eaux usées et des eaux chaudes des différentes zones industrielles vers les oueds et «les usines utilisent de l'eau en particulier l'eau de mer pour leur système de refroidissement et rejettent de l'eau très chaude qui constitue un grand danger pour la faune marine. C'est pourquoi, il faudrait exiger des industriels de faire refroidir l'eau avant son rejet. Les eaux de lavage et de traitement des produits constituent également une source qui pollue la mer à cause du chlore, du mercure et autres», ajoutera-t-il.Hocine Bellout se désolera de la migration du poisson vers d'autres lieux marins loin de nos côtes, à cause de la pollution et même la pêche à la dynamite qui affecte un rayon de 50 km à côté de la prolifération des méduses (chapeaux de la mer) sans parler des déchets nucléaires en mer, une bombe à retardement», dira-t-il. Enfin, Bellout revendiquera une police de la pêche qui contrôlera les côtes à côté des gardes-côtes ainsi que l'écosystème marin, les oueds et protégera la période biologique des poissons. «Nos pêcheurs font du chalutage au vu et au su de tout le monde alors que la période officielle d'interdiction de la pêche commence de mai à septembre.»Il appellera ainsi à l'ouverture des marchés couverts dans chaque commune avec des poissonneries et des unités de conserverie pour la vente du poisson frais ou bien congelé. Outre la nécessité de remplacer les casiers de poissons en bois par ceux en plastique pour éviter la transmission de molécules bactériologiques graves. n Hocine Bellout citera des exemples concrets illustrant le réel danger pour notre littoral : des espèces de poissons morts et un dauphin rejeté au bord des plages de Mostaganem le mois écoulé, deux tonnes de poissons d'eau douce ayant péri au barrage de Guerouz à Mila, au mois de juillet, trois épaves de bateaux échouées au bord des plages de Skikda au mois de juin et qui y sont toujours. En outre, aux îles Habibas à Aïn Témouchent, des espèces de faune marine sont en voie de disparition, selon une expédition scientifique française. Le président du Comité national des marins pêcheurs, se désolera également pour les quintaux de poissons jetés à la mer au large de Mostaganem en 2006 ainsi que la saisie de 1 800 kg de sardines impropres à la consommation. «Un méthanier français a déversé 1 000 litres de fuel en mer à Skikda en 2006, en plus d'importantes fuites d'un autre bateau iranien», expliquera-t-il en indiquant que la wilaya de Annaba est la plus polluée des régions en Algérie. Viennent ensuite Skikda, Béjaïa, Alger, Boumerdès, Tipaza, Mostaganem, Arzew et Oran. «En 2006, 3 000 litres d'huiles ont été déversées dans l'oued Seybouse par le camion d'un particulier, à oued Mebouja, les huiles ont pris feu», se désolera-t-il. A Taleza, Collo, une quantité importante de poissons morts a été retrouvée dans l'oued Echorka à cause du mélange d'eau douce avec celle de mer.