Le siège de l'Union des écrivains algériens (UEA) à Alger a abrité, mardi, une soirée poétique avec Abderrahmane Djelfaoui, Mohamed El Ouahed (en français), Aïssa Karef, Mohamed Zabour (en arabe) et Cirta (en kabyle). La rencontre est agrémentée d'intermèdes musicaux interprétés au violon ou au oud par le musicologue Mohamed Choumaïssa. Vicissitudes de la vie, sentiments, déchirements intérieurs, entre autres, ont été interprétés dans une rime qui a subjugué le nombreux public présent en la circonstance. Ainsi, dans un de ses poèmes récités, Abderrahmane Djelfaoui ressuscite les poètes, ces ciseleurs de mots qui brûlent pour éclairer : « Les poètes des espaces d'antan sont morts leurs yeux jusqu'aux sourcils ensablés mais au plus profond de nous vibre un souvenir de leurs veines généreuses et tannées ». Aïssa Karef, à son tour, a lu deux poèmes où la sensibilité est traduite en images : « Pour qui ce feu sur l'argile qui dort comme une forêt de sens et se réveille pour s'étendre comme l'odeur de parfums ». De son côté, la poétesse Cirta rime avec les épreuves de la vie : « Vie pleine d'escarpes pleine de tourments vains sont nos efforts pour nous libérer de tes carcans ». Mohamed El Ouahed, dans un de ses poèmes, interprète la « thébaïde », ce jeudi printanier des poètes où les temps sont ruminés dans l'impuissance de la solitude : « Quand on n'a plus rien que sa solitude le soir venu apparaît le déclin on trinque avec l'oubli de ses habitudes cherchant une épate pour fuir son chagrin (...). A l'orée de mon âge, vaincu par les ans tel un vieil arbre aux branches dégarnies je ramasse ma vie, passé et présent suivant à la trace l'ancien chemin pris ». Mais la rime constitue le linceul et la reviviscence du poète. Mohamed Zabour le dit : « Je suis poète, la poésie signifie mon linceul et ma résurrection Avec la rime je secoue le temps (...) ».