La présumée tentative de corruption de joueurs du CA Batna par une personne se présentant comme un intermédiaire agissant pour le compte de la JS Saoura à la veille de la 8e journée de la Ligue 1 a fait réagir la Ligue professionnelle, qui a publié sur son site un communiqué à travers lequel elle indique : «La LFP annonce qu'elle a décidé d'ouvrir une enquête et qu'elle a saisi la commission de discipline pour traiter cette affaire et auditionner toutes les parties», suite à une correspondance transmise à la LFP par le CA Batna. Gageons que cette énième affaire présumée de corruption connaîtra le même sort que les autres qui ont terminé leur course dans un tiroir ou une poubelle. La réaction de la Ligue professionnelle est à saluer. Mais aura-t-elle les moyens et surtout la volonté d'aller jusqu'au bout pour redorer le blason terni d'un football pourri et gangrené par la corruption depuis bien longtemps ? Que de fois depuis le début des années 1990 des affaires présumées de corruption ont fait la une des journaux sans qu'il n'y ait eu jamais de suite et encore moins de sanctions à l'encontre de ceux pointés du doigt. La corruption dans le football existe partout et depuis la nuit des temps. En Algérie, elle fait partie des meubles. Pire, elle est totalement admise. Les dirigeants sont les premiers à l'alimenter. Elle est une partie intégrante de leur fonds de commerce. Ceux qui aujourd'hui crient et hurlent au loup sont les vrais responsables des pratiques maffieuses qui souillent le football algérien. La corruption dans le football algérien existait bien avant l'ascension de la JS Saoura et de son président, Zerrouati. C'est dire que le mal est profond et ne peut être «soigné» par une simple déclaration de bonne foi de la Ligue. L'éradication de la corruption dans le football relève bien sûr et d'abord de la ferme volonté et de la farouche détermination des instances du ballon rond de mener sans relâche le combat, mais aussi de la collaboration pleine et entière de la justice. Dans un (vrai) Etat de droit, une simple information faisant état de corruption ferait ébranler toute la machine judiciaire. C'est loin d'être le cas, malheureusement, en Algérie où la corruption semble tolérée. Sur cette question de la corruption dans le football, plus personne ne peut remettre en cause son existence. Des acteurs importants dans le monde du football algérien en parlent ouvertement sans jamais être inquiétés, ni auditionnés. L'ancien ministre de la jeunesse et des sports, Hachemi Djiar, n'a-t-il pas déclaré en avril dernier à Sétif : «Nous savons que la corruption dans le football existe et il ne faut pas croire qu'on laissera faire sans réagir.» Ces propos émanant du premier responsable du secteur sont terribles. Ils attestent de la connaissance de ce fléau par les autorités, mais qui ne font rien pour débarrasser le football de ce cancer. Tous les acteurs du football participent à cette œuvre criminelle en la cautionnant par le silence et la lâcheté. Pas un titre ni un sauvetage ne peut se réaliser sans le recours à la corruption sous toutes ses formes. L'affaire CAB-JSS sera en définitive une autre tempête dans un verre d'eau. Il est établi que lorsqu'on veut classer une affaire en Algérie, on place une commission d'enquête. C'est ce que vient de faire la Ligue professionnelle.