Madame est entrepreneur. Les chiffres transmis par le Centre national du registre du commerce le prouvent : de plus en plus de femmes s'installent à leur propre compte. Les femmes commerçantes actives recensées à la fin 2005 sont au nombre de 93 328 sur tout le territoire national. Et le phénomène tend à se généraliser dans différentes régions du pays. Elles sont, d'après le CNRC, plus nombreuses dans les grandes villes, à l'exemple d'Alger (7813), Oran (5309) et Constantine (3471), mais elles tiennent également une place importante dans les villes de l'intérieur, comme Chlef (2382), Béchar (2244), Djelfa (1293), Médéa (1294), Aïn Defla (1557), El Oued (1400) et Mascara (2472). Au total, souligne le centre du registre du commerce, le nombre de femmes commerçantes a augmenté de 5282 (+5,9%) par rapport à 2004. Cela dit, le nombre de femmes chefs d'entreprise est encore loin de rivaliser avec celui des entrepreneurs masculins. Et pour cause, elles représentent seulement 9,1% du total des commerçants inscrits au niveau national (plus d'un million de commerçants au total). Si les femmes osent aujourd'hui prendre la tête d'une entreprise, elles sont néanmoins moins présentes dans les secteurs réputés masculins, comme le bâtiment ou la sidérurgie. Les activités des femmes (en tant que personnes physiques) sont exercées à plus de 53,9 % dans le commerce de détail, 33,3% dans les services, 8% dans la production industrielle et 3,6% dans le commerce de gros. Quant aux activités des sociétés dirigées par des femmes, elles se concentrent essentiellement dans les services (36%), la production industrielle (26,5%) et l'importation (17,4%). Fait curieux : près de 17% de femmes tiennent une société d'import-export et 26% sont spécialisées dans la production industrielle. Le temps où elles ne s'intéressaient qu'à la confection de vêtements et à la production de gâteaux traditionnels semble révolu. Les femmes entrepreneurs algériennes sont généralement âgées, d'après le centre du registre du commerce entre 39 et 48 ans (25%), 29 et 38 ans (20%), 49 et 58 ans (15%). Et Il y en a même qui ont plus de 68 ans (8%) ou d'autres ayant entre 19 et 28 ans (7%). En tout et pour tout, les entreprises dirigées par les femmes emploient, selon les statistiques du registre du commerce, entre 300 et 350 000 personnes. En 2001, la Chambre nationale de commerce et d'ndustrie enregistrait une forte féminisation de l'entreprenariat dans les secteurs du textile, les affaires immobilières, les services fournis aux entreprises et les commerces dans lesquels les taux dépassent 15%. Les femmes s'intéressent beaucoup moins aux secteurs des transports, des industries, des bois et lièges, des BTP, des mines ainsi que celui de l'agriculture. Dans un ouvrage réalisé par le Centre de recherche en économie appliquée et développement (Crad) intitulé Travail et femmes en Algérie, la sociologue Djamila Belhouari-Musette souligne que la féminisation de l'entreprenariat tient surtout à l'expansion du tissu des petites et moyennes entreprises. Mais les femmes algériennes sont surtout implantées, d'après le Cread, dans le marché informel. « Nous assistons, explique la sociologue, à l'avènement du secteur public vers le secteur privé d'une partie de la force de travail qualifiée : les cadres. » Elle poursuit : « La compensation offerte au personnel compressé, ajoutée aux savoirs accumulés, sont investis. Le deuxième mouvement qui alimente l'entreprenariat féminin provient du secteur informel. Il s'agit de l'expansion en micro-entreprises, d'une activité informelle indépendante ou de l'auto-emploi. Cette apparition encore timide était surtout restreinte aux branches d'activités traditionnellement féminines, soit celles qui étaient exercées dans et pour la famille et qui auraient évolué vers la sphère publique. »