La nouvelle de la disparition mercredi dernier de treize jeunes personnes de la ville de Tiaret, issues des quartiers de Mezhoud, Eldjaffef, Sonatiba et Zaâroura, a vite fait de se répandre et l'attente des familles sur la confirmation ou de l'infirmation des décès reste à l'égal du flou qui entoure cette disparition. Une disparition que certains candidats à la « hedda » actuellement emprisonnés à Remchi auraient confirmée à certains parents partis aux nouvelles, car « les frères Bensaïd Khaled et Moulay, Dalla Benouali, Hamadi Rabah, Belarbi Ahmed, Merdjet Mourad dit ‘'EPI'', Abed, Hamani, Amine, Kaïd Benaïssa et les frères Reggad Hebib et Abed auraient bel et bien péri avec leur embarcation à côté de Ghazaouet, plus précisément au large de la plage de Bouzedjar ». Une embarcation que les malheureux candidats auraient acquise pour près de 800 000 DA après avoir cotisé pour gagner ce qu'ils espéraient être l'eldorado européen. La destination Espagne est, après l'exil allemand, pour les jeunes Tiarétis une nouvelle piste. Pas du tout préparés pour elle, tant demeure grand leur dénuement, doublé d'inconnues, dont les aléas climatiques défavorables en ce mois de mars, l'aventure ne pouvait qu'être risquée. « Le pari était fou », dira le frère de Merdjet, auteur malheureux d'une même tentative dans les années 1990. Elle reste pour lui « entourée d'énigmes », renchérira-t-il. Le frère de Mourad, qui semblait affecté par cette tragédie, garde tout de même un mince espoir, car tient-il à affirmer « comment une embarcation pouvait-elle échapper au contrôle des gardes-côtes. S'ils sont morts, où sont leurs corps ? », puisque « ces jeunes harraga, avant de partir de Bouzedjar, auraient été interpellés une première fois, alors qu'ils prenaient la direction d'Almeria à 4 h, vendredi 17 mars ». Un jour plus tôt, celui qu'on affuble du surnom d'« EPI » est parti de la maison, la tête pleine de projets. N'y avait-il pas de complicités, voire un guide dans cette triste affaire, il est vrai, loin d'être la première du genre, mais la tension est telle à Tiaret que certains, le père de Della, M. Abdelkader, la lient à la situation de précarité de ces jeunes. Ils étaient tous chômeurs, mais ce chômage n'explique pas tout, car la « hedda » reste une seconde nature chez ces jeunes dont l'âge varie entre 21 et 24 ans. Leur perte en tous les cas reste lourde et difficile. Presque tous les jeunes de Tiaret en parlaient hier. Avec émotion bien sûr, mais avec des versions plus ou moins fantaisistes. Certaines lucides en tous les cas.