La Palestienne Anne Marie Jacir, révélée par son film Milhou hadha al bahr (Le sel de cette mer), a été invitée à débattre de sa dernière production, Lama chouftek (Lorsque je t'ai vu), un film soutenu également par Sanad (fonds pour le développement et la postproduction). Lors d'une rencontre avec la presse, Anne Marie Jacir n'a pas manqué de dire tout le bien qu'elle pensait de ce fonds émirati ouvert à tous les cinéastes arabes (l'Algérien Yanis Koussim y est inscrit pour son nouveau film, Alger, la nuit). «Sans cet appui financier, je n'aurai jamais pu terminer Lama chouftek», confie-t-elle. Pour 2012, Sanad a soutenu Beautés cachées du Tunisien Nouri Bouzid, Al khouroudj li nahar (Coming fourth by day) de l'Egyptienne Hala Lotfy. Sanad a appuyé aussi les projets de Mohamed Al Daraji et Mohamed Hefdhi. Plusieurs documentaires sont également partiellement financés par Sanad. Il s'agit, entre autres, de Et comme si nous attrapions un cobra de la Syrienne Hala Alabdallah, Yalen bou el phosphate (Que soit maudit le phosphate) du Tunisien Sami Tlili, Alamun laysa lana (Un monde qui n'est pas à nous), du Libanais Mahdi Fleifel et Naft oua turab (In search of oil and sand) de l'Egyptien Wael Omar (coréalisé avec Philippe Dib). La Palestienne Anne Marie Jacir, qui est également scénariste, a bataillé pendant trois ans et demi pour achever Lama chouftek. «Pour réaliser milhou dhak al bahr, j'ai galéré pendant six ans. Quand le sujet est politique, il est encore plus difficile de trouver des financements. Et quand le film est réalisé par une femme, c'est encore plus compliqué», affirme-t-elle. Cette situation est valable, selon elle, tant dans le monde arabe qu'en Europe. Lama Chouftek raconte l'histoire deTarek, un enfant palestinien de 11 ans, qui vit difficilement l'éloignement de l'école et de son père à l'intérieur d'un camp de réfugiés en Jordanie. Il fuit, cartable sur le dos, pour se retrouver plus tard parmi les «fidaï» palestiniens. En clôture, Ali Al Jabri a tenu notamment à rendre hommage à deux comédiennes, l'Egyptienne Sawsan Badr et l'Italienne Claudia Cardinale. Les deux reçoivent le prix «Injaz el omr» (L'œuvre d'une vie). «Je suis fière. Je sens, ce soir, que j'ai peut-être fait quelque chose dans la vie. Je suis fière qu'on dise l'artiste égyptienne. Ce prix a une valeur particulière dans mon cœur. Cela veut dire que tout ce qui a été fait, a été vu et apprécié. Cela donne envie de continuer», lance Sawsan Badr, fortement applaudie par le public select du Festival. A 55 ans, cette comédienne de cinéma, de télévision et de théâtre, a émergé durant les années 1980 à travers des rôles très visibles dans les feuilletons télévisés. Diplômée de l'Institut Supérieur d'Art Dramatique du Caire, elle a été distribuée dans plusieurs films comme Asrar Al Banate (Secrets de filles), Kharif Adam (L'Automne d'Adam), Les portes fermées et Dounia. «Ce qui est merveilleux, c'est que je travaille toujours !», lance modestement Claudia Cardinale, 74 ans. Toujours… Claudia Cardinale n'est plus à présenter. On sait seulement qu'elle a joué dans une centaine de films depuis le court métrage Anneaux d'or de René Vautier, en 1955, jusqu'à El artista y la modelo (L'artiste et le modèle), un drame franco-espagnol de Fernando Trueba et Gebo et l'ombre, la dernière fiction réalisée par le doyen mondial des cinéastes, le portugais Manoel de Oliveira. Né en 1908, ce cinéaste encore en activité est une belle illustration de l'envie de continuer…