Les présidents des pays membres de la Cédéao devront entériner la mise en place de cette force, avant de déposer le plan d'intervention militaire au Conseil de sécurité. Elaboré par les ministres de la Défense et des Affaires étrangères des quinze pays membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), le plan d'intervention militaire au Nord-Mali sera discuté, aujourd'hui à Abuja, par les chefs d'Etat ouest-fricains. En cas d'adoption, il sera être remis à l'ONU avant le 15 novembre. Cette feuille de route balise la voie à «une action militaire menée par plus de 5000 hommes, dont une partie seront étrangers à la région». C'est aujourd'hui que les chefs d'Etat membres de la Cédéao devront adopter le plan d'action militaire au Nord-Mali, élaboré vendredi dernier par leurs ministres de la Défense et des Affaires étrangères. Rien n'a encore filtré sur ce plan, à part la mise en place d'une force de plus de 4000 hommes au lieu des 3000 initialement retenus parmi lesquels – ce qui est nouveau – «des éléments non africains». Lors de leur réunion, le 6 novembre à Bamako, les chefs d'état-major de la Cédéao avaient levé quelque peu le voile sur leur stratégie en rendant public un communiqué dans lequel ils précisaient les contours de la Force militaire internationale (FMI) devant libérer le Nord-Mali dénommée Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Misma), tout en demandant à la Cédéao «d'identifier dès que possible les insuffisances et proposer les types et le nombre d'unités à générer». Des mercenaires mis à contribution ? Les chefs d'état-major ont également «invité» l'organisation sous-régionale, l'Union africaine, et les Nations unies «à faciliter le parachèvement dans les meilleurs délais de la généralisation des forces de la FMI». De même qu'il a été demandé à la Cédéao, en collaboration avec l'Union africaine, la mise sur pied un comité restreint de planificateurs pour peaufiner le concept harmonisé et d'organiser, à l'issue de cette action, une conférence de donateurs. Le communiqué note en outre que ce concept d'opérations conjoint et harmonisé a été mis en place conformément à l'esprit de la résolution 2071 du Conseil de sécurité des Nations unies. Il devra être adopté aujourd'hui par les chefs d'Etat ouest- africains, avant d'être transmis avant le 15 novembre, par l'intermédiaire de l'Union africaine, au Conseil de sécurité qui va voter une nouvelle résolution devant déterminer les modalités de son exécution. Le 12 octobre dernier, faut-il le rappeler, ce Conseil avait voté une résolution donnant 45 jours à la Cédéao pour détailler son plan de «libération» du Nord-Mali.Aujourd'hui, les chefs des Etats de la Cédéao devront donc entériner la mise en place de cette force, dont la composition, le financement et les moyens militaires qu'elle utilisera devront être également bien définis, afin que le Conseil de sécurité de l'ONU puisse mandater son déploiement. Le MNLA fait de la résistance Cette intervention militaire est pour l'instant catégoriquement rejetée par non seulement le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) qui a pris son bâton de pèlerin pour mener la guerre aux narcoterroristes, mais également par le groupe islamiste Ançar Eddine qui avait, sous la pression de l'Algérie et du Burkina Faso, annoncé sa déconnexion des groupes terroristes Mujao et AQMI. Pourtant, nombre d'experts estiment qu'une intervention militaire étrangère sans l'implication des acteurs locaux non compromis dans le terrorisme risque d'embraser l'ensemble des pays du champ. Cette fin de semaine encore, les ministres français et allemand des Affaires étrangères, Laurent Fabius et Guido Westerwelle, ont appelé l'Union européenne à soutenir «le déploiement et l'engagement d'une force internationale» au Nord-Mali. Dans une lettre publiée hier par le quotidien français Le Figaro, les deux ministres expliquent leur demande par cette situation qui «constitue un enjeu majeur pour la sécurité et la stabilité de la région sahélienne, celle de l'Afrique dans son ensemble et pour la sécurité de l'Europe». Ils demandent «la mise en place d'une mission de formation des forces armées maliennes sur le modèle de ce qu'elle a déjà fait avec succès en Somalie et estiment la reconstitution des capacités militaires maliennes indispensable pour une lutte efficace contre la menace terroriste». L'appel franco-allemand intervient alors qu'une réunion, regroupant les ministres de la Défense et des Affaires étrangères de cinq pays européens, aura lieu jeudi prochain à Paris pour discuter de la mission européenne d'entraînement des forces africaines au Mali.