Ses brillances Samedi soir, le public nombreux de la salle Ibn Zeydoun, à Alger, a découvert une partie de la richesse artistique de Manipur, une province montagneuse du Nord-Est indien. Appelée «joyau de l'Inde», Manipur fait partie de la famille des «sept sœurs», sept provinces. La troupe Manipuri-Thang Ta, qui arrive en Algérie après un passage en Russie et en Afrique du Sud, est dirigée par Amarjit Singh Kshetrimayum. Elle est composée de 14 membres, entre danseurs et musiciens, lesquels ont présenté des danses parfois inspirées des traditions de l'hindouisme. Le public a ainsi assisté à la danse rituelle Shim Lam dans laquelle les danseurs imitent le vol du papillon, ensuite à la danse du bâton ou Cheirol Jagoi destinée au divertissement scénique. La danseuse a exécuté des mouvements rapides pour tourner un bâton blanc dans tous les sens. L'artiste a laissé place à la danse de percussion Dhon Dhulok Cholom, puis au Thabi Kakpa : les yeux couverts d'un bandeau, un danseur, muni d'une pioche, tourne autour d'un artiste allongé sur scène avec un concombre sur le ventre ; il tourne jusqu'à, d'un seul geste, couper le légume en deux. Le Pung Cholom est un autre spectacle d'inspiration hindoue, plus connu par Nata Sankirtana. Comme dans la pratique soufie, Sankirtana est un cercle de glorification des dieux par des chants et des danses. Habillé d'un dhotî blanc (pantalon d'origine bengalie rendu célèbre par le Mahatma Gandhi) et d'un turban, quatre danseurs jouent sans arrêt du tambour en rythme évolutif. La soirée a été clôturée par le spectacle le plus représentatif de l'art Manipuri, le Basanta Ras, un élément d'une danse complète classique appelée Ras Lila. Une danse langoureuse exécutée par des femmes habillées de larges robes colorées, racontant «l'amour céleste» entre la divinité hindoue Krishna et son amie Radha (ou Radhika dans les anciens textes). La Ras Lila, qui s'apparente à une danse religieuse, est généralement exécutée la nuit, en face d'un temple hindouiste en Inde. La troupe Manipuri animera d'autres spectacles à Béjaïa et à Koléa (Tipasa). Elle a été invitée par le ministère de la Culture et l'ambassade de l'Inde à Alger pour célébrer le 50e anniversaire de l'indépendance du pays. «Nous célébrons cette année les cinquante ans de l'établissement des relations diplomatiques entre l'Algérie et l'Inde. Des relations établies quelques mois seulement après l'indépendance de l'Algérie. Notre premier ambassadeur en Algérie a rejoint son poste en novembre 1962», a précisé Kuldeep S. Bhardwa, ambassadeur d'Inde à Alger, à l'ouverture de la soirée avant d'ajouter : «Nous avons reconnu l'Algérie en tant que nation en 1954 à la conférence de Bandung. Et le premier bureau de l'Algérie a été ouvert à New Delhi en 1959 par Ferhat Abbas. Ceci confirme la profondeur de la relation entre nos deux pays qui ont mûri à travers le Mouvement des non-alignés, la coopération Sud-Sud et le soutien au mouvement de libération contre le colonialisme.»