Si la culture ne tombe pas du ciel, les gens doivent la créer et la faire fleurir. Les lieux censés dispenser la culture vivent la plupart du temps dans une léthargie qui ne dit pas son nom. Les bibliothèques ne drainent pas les foules de lecteurs comme autrefois. Les cinémas ont depuis belle lurette fermé leurs portes. Les festivals, les vernissages d'expositions de peinture, les manifestations théâtrales se font rares. Pour dire vrai, il n'existe pas de programmes consistants à même de susciter l'engouement des citoyens, particulièrement les jeunes, lycéens et collégiens. Une quinzaine de bibliothèques ont été érigées à la faveur du plan des Hauts-Plateaux dans les communes importantes de la wilaya, malheureusement leurs rayonnages restent dégarnis de livres prompts à éveiller l'intérêt des férus de la lecture. «Pourquoi, se lamente un jeune rencontré aux abords d'une bibliothèque de la ville de Aïn Beïda, on inaugure des bibliothèques si on ne les fournit pas en livres ?» Le centre culturel Emir Khaled de la même ville souffre d'un manque flagrant d'activités culturelles pour les jeunes. Les ateliers censés promouvoir les arts et la culture ne fonctionnent qu'au ralenti ou lors des occasions commémoratives. «La culture, c'est comme le pain, comme tout un chacun le sait, on en a besoin au quotidien.» Aïn M'lila, Aïn Fakroun, Aïn Kercha, F'Kirina disposent chacune d'un centre culturel, mais qui demeurent affreusement muets presque toute l'année. La wilaya recèle des potentialités immenses (tant humaines que matérielles) mais elles ne sont pas judicieusement exploitées. L'existence de lieux de culture qui ne rayonnent pas sur la vie citadine sont comme des corps sans âme. «Il faut insuffler un peu de vie dans les espaces culturels», nous dit Habib, un jeune poète de Meskiana. «Les habitants de la ville de Aïn Beïda attendent impatiemment la rénovation de la salle de cinéma An Nasr pour renouer avec le 7e art. Même chose pour les citoyens de Aïn M'lila», la deuxième ville de la wilaya de par sa population et qui manque elle aussi d'activités culturelles et artistiques. Les rares manifestations culturelles sont toutes centrées sur le chef-lieu de wilaya et, par conséquent, privent le reste de la population de s'ouvrir sur la culture et de s'en nourrir. La région de la wilaya a vu naître et grandir d'éminentes personnalités littéraires artistiques. Une nouvelle génération de poètes, de cinéastes, de dramaturges, de peintres est née et a droit à l'attention des responsables de la culture pour s'épanouir et faire valoir ses talents.