Douze jours après son lancement, la campagne électorale pour le double scrutin du 29 novembre ne suscite toujours pas, à Sidi Bel Abbès, l'engouement des citoyens. Et pour ne rien arranger, les récentes intempéries, avec leur lot de routes fermées et d'habitations inondées, sont venues rappeler aux électeurs l'inefficacité de leurs «élus», même pas en mesure d'entretenir égouts et avaloirs. «Ce sont presque les mêmes qui siégeaient à l'APC qu'on nous propose, toutes listes confondues, de réélire le 29 novembre. Pourquoi voter ? Ça ne fera que reconduire l'échec», soutient Djamel, jeune père de famille dont la modeste demeure, à faubourg Thiers, n'a pas échappé mardi dernier à la remontée des eaux pluviales. La préoccupation est tout autre dans les permanences électorales qui ont ouvert leurs portes dans différents quartiers avec une préférence prononcée pour les cités populaires. Cafés, magasins et kiosques ont changé de créneau pour la circonstance, se mettant au service du plus offrant. Sur un air de musique patriotique, de jeunes militants, postés à l'extérieur d'une des permanences de l'ex-parti unique, sise avenue Théodore Héritiers, distribuent nonchalamment dépliants et affichettes. Quelques mètres plus loin, une poignée de curieux marque un temps d'arrêt devant les photos en couleur des prétendants à l'APC et à l'APW, balayent du regard l'affiche, vérifient, commentent puis s'en vont allègrement vaquer à leurs occupations. Au centre-ville, les panneaux d'affichage blancs installés par les employés de la commune demeurent désespérément vides. Rares sont les passants qui s'arrêtent devant ces panneaux métalliques, hâtivement fixés au sol et dont certains ont plié sous la puissance des vents violents qui ont accompagné les fortes précipitations de la semaine passée. Paradoxalement, certains partis politiques engagés dans la course électorale ont préféré coller leurs premières affiches ailleurs que sur les panneaux, de préférence loin de la portée des mains malintentionnées. Façades de magasins et d'établissements publics, abribus et même panneaux de signalisation sont, pour le moment, les supports les plus prisés par les colleurs d'affiches payés à la tâche. Interrogés, des représentants de partis ne s'offusquent même plus de ces pratiques. Et pour cause, ils accomplissent presque tous de la même manière, dans une joyeuse anarchie spécifique, les rendez-vous électoraux en Algérie. «Si nous n'avons pas encore procédé à l'affichage intensif des posters de campagne, c'est parce que nous savons qu'ils vont être pour la plupart déchirés ou griffonnés», explique un jeune colleur d'affiches du FLN, particulièrement expérimenté en matière. «Nous sortirons le grand jeu à quelques jours du scrutin, vous allez voir», annonce-t-il fièrement. Pour le responsable local du FFS, M. Laghouati, peu importent les moyens déployés, «la campagne pour les locales demeure des plus fades et n'arrive pas à convaincre grand monde». Même s'il a réussi à placer 6 listes pour les communales et une liste APW, malgré toutes les tracasseries administratives, notre interlocuteur ne se fait trop d'illusions quant à l'issue de ce scrutin : «Persuadés que les jeux sont faits, la plupart des citoyens affichent un désintéressement total.» Jeudi soir, au siège de la Commission de wilaya de surveillance des élections législatives (Cwisel) établie dans les locaux de l'ancien musée du Moudjahid, les membres de cette structure s'attellent à finaliser l'opération d'installation des commissions communales. Ghemid Laïd, président de la Cwisel, n'est pas du même avis que ceux qui prédisent un fort taux d'abstention au scrutin du 29 novembre : «Les élections locales diffèrent à tous points de vue des législatives, même s'il est vrai que les citoyens sont peu emballés par ce scrutin.» Il avance comme argument le fait que ces élections impliquent un grand nombre de candidats et concernent des enjeux locaux. A Sidi Bel Abbès, 241 listes APC (dont une indépendante à Hassi Zahana) et 17 listes APW sont en lice. Rappelons que le bureau régional du RCD de Bel Abbès a décidé, début novembre, de ne pas prendre part à ces élections suite au rejet de ses listes. «Les motifs de cette décision sont liés au comportement néfaste et injustifié du DRAG de la wilaya, qui a recalé le dépôt de nos listes», avait indiqué Abdelkader Hamida, président du bureau du RCD.