L'introduction d'une méthode moderne dans la gestion du dossier des logements permettra un meilleur contrôle des dossiers des postulants l La commune de Médéa compte 14 000 demandeurs de logement. Le chef de daïra de Médéa, un jeune technocrate polytechnicien, innove en matière de méthode de contrôle des dossiers des postulants du logement social locatif (LSL). Pour lui, il s'agit d'une première à l'échelle nationale appliquée au niveau de la commune de Médéa. Cette méthode, se composant de neuf étapes, a déjà été présentée à l'ancien ministre de l'Habitat, Noureddine Moussa, qui s'est rendu dans la wilaya de Médéa en avril 2012. «On ne peut plus gérer avec des méthodes archaïques, surtout lorsqu'il s'agit d'un dossier aussi sensible que celui du logement, et de surcroît dans une commune chef-lieu de wilaya qui a vu sa population tripler en 20 ans. 14 000 demandeurs de logement, c'est quand même beaucoup. En 2011, on a recensé 3750 visites de citoyens au niveau de la daïra de Médéa venant s'enquérir sur leurs dossiers. Ergonomiquement et si vous prenez seulement cinq minutes par personne, c'est quasiment impossible à gérer !», défend Berrached Nidal Mahmoud, chef de daïra de Médéa. Neuf étapes pour filtrer les dossiers «Notre approche se compose de neuf étapes joignant l'outil informatique par le biais de quelques logiciels et l'Internet, ceci afin d'obtenir, à des intervalles de dates très serrés, une liste globale actualisée mettant en exergue l'état des dossiers déposés : dossiers complets, incomplets, fausses adresses, fiche de paie rafraîchie, état civil…», explique-t-il. La réussite de la méthode démarre d'un préalable solide. «La constitution d'une base de données fiables reflétant la réalité du terrain s'avère d'une importance première dans ce cas. Ce travail nous a nécessité deux ans de prospection, d'inventaire et de confrontation des informations collectées par différentes voies», note-t-il. Une fois la base de données prête, commence alors le travail de mise à jour. Le postulant x recevra trois télégrammes successifs (courrier individuel), en plus des appels périodiques pour compléter les dossiers de postulants et qui se font via la radio locale de Médéa, à chaque approche d'une opération de distribution ou quand l'administration le juge nécessaire. Pour les branchés du Web, toute information nouvelle et indispensable est mise sur le site : http://www.apcmedea.org/logements/. Et pour plus d'interactivité, le demandeur de logement peut nous contacter par e-mail de la daïra : [email protected]. La liste globale actualisée à une date donnée se composant d'un tableau de seize colonnes et dont les noms des postulants sont classés par ordre chronologique de dépôt (du plus ancien au plus récent), est publiée sur le site Internet déjà cité, et ce, pour plus de transparence. L'étape N° 2 et grâce à un logiciel, permet au consultant de faire des recherches par nom et prénom ou par date de dépôt d'un quelconque dossier déjà déposé. Ainsi, l'intéressé peut avoir une idée sur son dossier, comme il peut aussi laisser un message le concernant ou concernant un autre postulant. La diffusion de la liste des postulants arrêtée à la date choisie par les membres de la commission de daïra constitue l'étape trois. Ainsi, un CD rom de la base de données sera installé au niveau de l'APC, la DAS, l'OPGI, la CNL et la DLEP. Cela permet aux postulants qui n'ont pas l'Internet ou qui ne savent pas surfer sur le Web de consulter l'état de leurs dossiers au niveau de ces administrations. Ainsi, et suivant la logique de balayage au peigne fin, l'authentification des dossiers des postulants se compose en trois sous-étapes de l'étape quatre. Contrôle de tous les documents fournis par l'intéressé au niveau de l'employeur, CNR, CNAS, Casnos, APC… Pour savoir si le postulant a déjà bénéficié de l'un des programmes antérieurs, une deuxième vérification s'effectue au niveau local de tous les fichiers de l'OPGI : Conservation foncière, habitat rural, CNL... et prendre ainsi les mesures nécessaires en cas de fausses déclarations. Toutes les nouvelles informations récoltées sont injectées systématiquement sur la Toile. Au niveau de l'étape six, le postulant connecté sur Internet peut accéder à sa fiche personnelle de renseignements contenant toutes les informations, ainsi que l'avis de chacun des membres de la commission sur son dossier, cela avant la réunion de la commission. Derniers moments avant la distribution Avant l'opération de distribution des logements, des fiches de contrôle ultimes sont préparées, suite à quoi on planifie la sortie des brigades d'enquête par quartier. Ces brigades seront munies d'un appareil photo numérique, «afin d'avoir un fichier numérisé de photos au niveau de notre commune», précise le chef de daïra de Médéa. L'étape sept concerne la notation des postulants selon les critères du décret 142/08. Une fenêtre Windows, affichée sur le site de l'APC de Médéa, comportera la situation du dossier et du total de la note obtenue. L'étape huit concerne le déroulement des réunions de la commission qui est constituée de la brigade d'enquête, APC, OPGI, CNL,DLEP, DAS, ainsi que les avis des citoyens recueillis sur Internet qui sont pris en compte après vérification. La dernière étape verra ainsi le classement par ordre décroissant des points obtenus, le filtrage des bénéficiaires ainsi que l'écartement à l'aide d'un logiciel des non-éligibles au LSL. «Nous allons ainsi avoir une banque de données qui permettra au citoyen de savoir qui a bénéficié et qui a été écarté, qui a été décalé pour bénéficier dans les programmes futurs et qui a été orienté vers d'autres programmes. Nous pouvons aussi diffuser l'information plus facilement pour la commission de recours. Ainsi, nous espérons, par le biais de ce que nous offrent ces techniques, recueillir le maximum d'informations fiables pour s'approcher encore plus davantage de la bonne décision», espère ce chef de daïra. Quoique l'informatique et les Tic semblent de plus en plus concourir à la bonne gouvernance en matière de gestion des dossiers les plus brûlants qui agitent la société, entre autres le dossier du logement, cette méthode pourra-t-elle «défier» la complexité du terrain pour «donner à César ce qui appartient à César ?». Ce processus de filtrage arrangera-t-il les intérêts de ceux appartenant à la catégorie des plus nantis, lesquels ont toujours tiré profit des situations les plus confuses ? Enfin, la contestation populaire entendra-t-elle la voix de la science et de la technicité, ou au contraire ne verra-t-elle en cela qu'un argument fort technocratique pour éliminer les bénéficiaires sur lesquels l'effort de filtrage et de vérification s'est, peut-être par inadvertance, malchance ou à dessein, le plus focalisé. Ce qui est plus qu'une certitude, c'est que la société se doit de faire sa mue pour que le fusil suive la pensée et non le contraire.