Le Conseil de sécurité de l'ONU devait se prononcer hier soir sur l'opération militaire au Mali réclamée par la Cédéao. Contrairement à une partie de la classe politique malienne proche de Cheikh Modibo Diarra, le chef du gouvernement de transition, qui reste encore très critique par rapport à la position adoptée par l'Algérie à l'égard de la crise qui secoue la région de l'Azawad depuis plusieurs mois, le commandement des forces américaines en Afrique (Africom) trouve plutôt pertinente l'approche algérienne. Son commandant, le général Carter Ham défend l'idée, en tout cas, que l'Algérie a une compréhension «très profonde» et «exhaustive» des défis qui se posent dans le Nord-Mali et, plus largement, au Sahel. Et tout comme les autorités algériennes, il appuiera aussi la nécessité d'un «règlement négocié» de la crise malienne. L'agressivité des alliés politiques de Cheikh Modibo Diarra à l'égard de l'Algérie s'explique essentiellement par le fait que celle-ci n'ait pas voulu soutenir l'option du «tout-militaire». Pour faire court, la médiation algérienne préconise à la fois l'instauration d'un dialogue avec les rebelles touareg qui émettent des «revendications politiques légitimes» et une lutte sans merci contre les narco-terrorismes qui ont occupé certaines villes. Une lutte qui, du reste, ne s'est jamais arrêtée.Dans tous les cas, Alger refuse de faire dans l'amalgame ou dans la fuite en avant. Le général Ham qui intervenait, hier à Londres, devant le think tank britannique des affaires internationales, Chatham House, n'a pas manqué, à ce propos, de saluer «les efforts accrus de l'Algérie» pour assurer la sécurité de ses frontières, en particulier avec le Mali, pour empêcher, a-t-il dit, une plus grande mobilité des éléments d'Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) et d'autres groupes. A une question inhérente justement à la présence d'AQMI au nord du Mali, le général américain a ainsi confirmé que lors des discussions avec de hauts responsables militaires et civils des pays de la région, il a constaté une «unanimité» autour de deux points, même si, selon lui, il peut y avoir quelques différences dans l'approche de la question. Il s'agit, a-t-il dit, de «la nécessité de préserver l'intégrité territoriale du Mali, excluant tout appui à un mouvement séparatiste» et du refus de «la présence continue d'AQMI au nord du Mali», qui est «inacceptable pour les Maliens, pour les pays de la région et pour la communauté internationale». La Libye et AQMI inquiètent le général Ham Dans ce contexte, M. Ham a averti que «bien que des négociations soient en cours, il est prudent de se préparer à une éventuelle intervention militaire qui pourrait être nécessaire». Pourquoi le serait-elle ? Le militaire américain s'est montré persuadé qu'AQMI «est plus fort aujourd'hui qu'il ne l'était il y a un an». Le commandant d'Africom a attribué cette situation au fait que cette organisation terroriste bénéficie d'un refuge au nord malien et de financements. «AQMI est la branche terroriste la mieux financée grâce aux fonds qu'elle reçoit par le biais des enlèvements contre des rançons, ou par son lien avec le trafic de stupéfiants et autres trafics illicites», a-t-il souligné. Il a rappelé, en outre, qu'AQMI était une organisation «qui dispose de beaucoup d'armes et de combattants, dont un grand nombre était revenu au nord du Mali suite à l'intervention militaire en Libye», en 2011. A ce sujet, le patron d'Africom a estimé, selon l'APS qui a rapporté l'information, que «si rien n'est fait contre ce groupe, cette situation présentera un risque croissant pour les pays et les peuples de la région, et de plus en plus pour l'Europe et les Etats-Unis». Le Conseil de sécurité de l'ONU devait, rappelle-t-on, se prononcer hier soir sur l'opération militaire au Mali réclamée par la Cédéao. Au cours de son exposé, le général Ham a également évoqué la situation en Libye dont il a relevé «la grande fragilité». La situation dans ce pays est «désordonnée, problématique et il y a beaucoup de défis à relever. Il n'y a pas d'institutions gouvernementales à proprement parler et il y a des milices bien armées et équipées activant hors du contrôle du gouvernement» à travers la Libye, a-t-il résumé. M. Ham a également exprimé son inquiétude quant à la présence d'organisations extrémistes dans ce pays avant de souligner que «la coopération américaine avec les forces de sécurité libyennes» est intervenue pour «permettre de rétablir la sécurité, à travers notamment la sécurité des frontières, la sécurité maritime et la mise en place d'une force antiterroriste libyenne».