La plupart des jeunes de cette bourgade, sans emploi, n'ont d'autres débouchés que la contrebande. Situé à 30 km au nord de Tébessa, et relevant de la commune d'El Kouif, le village de Ras El Ayoun demeure toujours parmi l'un des plus pauvres de la wilaya, bien qu'il se trouve à quelques encablures seulement de la frontière avec la Tunisie, et abrite l'un de plus importants postes frontaliers, où transitent quotidiennement des milliers de voyageurs et de touristes. A vocation essentiellement pastorale, la bourgade, composée de maisons éparses, souffre, de moult problèmes, dont le plus important reste le non-raccordement au réseau de gaz et d'eau potable. «En cette période hivernale où la température peut descendre jusqu'à moins huit degrés, et devant la pénurie de gaz butane qui frappe de plein fouet la région, s'approvisionner en ce combustible devient quasiment impossible, les habitants démunis et sans ressource sont obligés de recourir au bois pour se chauffer», nous dira un vieux rencontré sur site. Il n'y a aucun réseau d'assainissement, alors que la route est dans un état de dégradation indescriptible. «A la moindre averse, notre village se transforme en bourbier», affirment les habitants. Au village, les seules infrastructures qu'on peut trouver sont une école primaire, un CEM, un petit bureau de poste et un dispensaire dépourvu d'équipements où seul un infirmier exerce par intermittence. Pour sa part, un responsable de le la commune d'El Kouif nous a déclaré que le projet de raccordement au réseau de gaz est inscrit déjà, mais il ne précisera pas s'il sera réellement concrétisé. Le chômage touche la majorité de la population en âge de travailler dans une bourgade qui ne dispose pas de ressources ni de projets susceptibles de générer des postes d'emploi. Face à cette situation, les jeunes, déjà privés de loisirs et d'infrastructures sportives, n'ont trouvé que la contrebande pour gagner leur vie. «Moi je gagne ma vie en faisant passer du carburant de l'autre côté de la frontière ; je n'ai pas d'autre choix», nous a affirmé un jeune désœuvré. A Ras El Ayoun, les 3000 habitants s'apprêtent à vivre encore une fois un hiver rude et rigoureux.