Raymond Devos est l'un des humoristes français qui sait manier les mots mieux que personne et les mettre sens dessus dessous. «L'humour, c'est quelque chose de très sérieux avec lequel il ne faut pas rire !». Cette boutade, signée Raymond Devos, démontre à la perfection tout l'art de la dérision de ce personnage. De cet humoriste français, d'origine belge, à qui un hommage a été rendu, samedi dernier, à l'Institut Français d'Oran. Raymond Devos est l'un de ces humoristes français qui sait manier les mots mieux que personne et les mettre sens dessus dessous. Ce jongleur de mots, de la même trempe qu'un certain Boby Lapointe, est passé maître en l'art du calembour. Ce faiseur de petites histoires, les unes plus loufoques que les autres, n'aime cependant pas créer un jeu de mots pour le jeu de mots. Pour lui, un jeu de mots doit avoir pour but d'alimenter un malentendu et, de ce fait, rendre l'histoire plus captivante, plus croustillante. Au cas contraire, le spectateur ou le lecteur s'ennuierait vite. Parfois même, l'humour de Devos est presque mathématique, voire scientifique : «Attention ! ‘‘Rien'' n'est pas rien, puisqu'il y a moins que rien ! Et puis, en le multipliant par trois, on a trois fois rien, et avec trois fois rien, on peut déjà acheter quelque chose !». L'absurde est aussi très présent dans son œuvre : «Mon chien, c'est quelqu'un !», «Le procès du tribunal», «Parler pour ne rien dire» en sont des exemples parlants. On peut noter aussi le succulent «Je suis un imbécile» où Devos met en scène un homme se vantant d'être un sot. Il lui dira alors : «C'est vite dit ! Tout le monde peut dire ‘je suis un imbécile', encore faut-il le prouver». Et il aura alors cette conclusion : «Il m'a apporté les preuves de son imbécillité avec tellement d'intelligence et de subtilité que je me demande s'il ne m'a pas pris pour un imbécile». La provocation, elle, n'est pas tellement du ressort de cet humoriste. Contrairement à un Coluche, un Desproges ou encore un Guy Bedos, Devos est plutôt apolitique, préférant faire rire avec des sujets d'ordre plus général. Toutefois, cela ne l'empêche pas, une fois de temps en temps, d'envoyer quelques petites piques aux hommes politiques : «L'accordéon est l'incarnation de l'alternance en politique : quand tu pousses à gauche, ça siffle à droite. Quand tu pousses à droite, ça siffle à gauche…et au milieu, c'est du vent !». Ou encore, dans «Faites l'amour, ne faites pas la guerre», il finit son sketch par cette belle chute, toute faite de savoureux jeux de mots : «Si on fait l'amour, c'est pour satisfaire les sens, et c'est pour l'essence que l'on fait la guerre. D'ailleurs, les gens préfèrent glisser leurs peaux sous un drap que la perdre sous un drapeau ! » Le spectacle de samedi dernier a drainé beaucoup de monde. Pascal de Clisson, accompagné au piano par Karim Guennoun, ont enchanté l'assistance présente. Un moment savoureux où le bon mot était à l'honneur, et cela même si, comme l'avait dit Pascal Clisson : «Un bon mot peut en cacher un autre…»