Les condamnations du comportement d'Israël ont fusé, tout au long de la journée d'hier, allant d'Ankara à Bruxelles, en passant par Paris, Londres et Washington. Les Palestiniens avaient à peine déployé les drapeaux, entamé de joyeux flonflons et préparé les feux d'artifice, dans les rues de Ghaza et de Ramallah, pour célébrer la consécration de leur Etat, en tant qu'observateur, au sein de l'organisation des Nations unies que l'Etat sioniste vient gâcher la fête en lançant une série de mesures d'une grande virulence. Outrepassant son engagement auprès des Etats-Unis, leur allié traditionnel, le gouvernement israélien a annoncé la construction de colonies à Jérusalem-est occupé ainsi qu'en Cisjordanie, entravant ainsi la viabilité d'un Etat palestinien. Il souligne aussi qu'il bloque le transfert des taxes collectées par Israël au profit de l'Autorité palestinienne. Benjamin Netanyahu a dénoncé le vote à une majorité écrasante de l'Assemblée générale de l'ONU pour l'accession de la Palestine au rang d'Etat observateur et fustigé le discours, jeudi, du président palestinien, lui reprochant de ne pas s'exprimer comme «un homme épris de paix». Pourtant, les responsables palestiniens se disent prêts à la reprise des négociations avec Israël, tout en réclamant l'arrêt de la colonisation. «Nous ne posons pas de condition (à un retour aux négociations), mais il existe pas moins de 15 résolutions de l'ONU qui considèrent la colonisation comme illégale et comme un obstacle à la paix qu'il faut éliminer. Pourquoi ils (les Israéliens) n'arrêtent pas la colonisation ?», a déclaré Mahmoud Abbas à des journalistes. «Est-ce que les voisins israéliens sont prêts (aux négociations) ? La balle est dans leur camp et dans celui des Américains, mais ils vont prétexter les élections» israéliennes du 22 janvier pour éviter la discussion», a-t-il ajouté. La Palestine ayant désormais accédé au statut d'«Etat non membre», pourrait, théoriquement, ratifier le Statut de Rome et saisir la Cour pénale internationale (CPI). «Nous avons désormais le droit de saisir la CPI mais nous n'allons pas le faire maintenant et ne le ferons pas, sauf en cas d'agression» israélienne, a déclaré vendredi M. Abbas. Les condamnations du comportement d'Israël ont fusé, tout au long de la journée d'hier, allant d'Ankara à Bruxelles, en passant par Paris, Londres et Washington. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a estimé vendredi soir que le projet israélien de construction de logements dans les colonies «faisait reculer la cause de la paix». Hier, Abou Mazen est devenu, aux yeux des Palestiniens, «Abou Dawla». «Maintenant, nous avons un Etat», a-t-il scandé, soulignant, sous les vivats de la foule rassemblée à Ramallah, qu'il s'engageait désormais à relancer la réconciliation palestinienne. Si le vote de l'Assemblée générale a permis aux responsables palestiniens de gagner en confiance, la virulence de la réaction israélienne fait aujourd'hui craindre un regain de violence sur le terrain. «Les règles du jeu avec Israël ont changé», a dit le principal négociateur palestinien, Saeb Erekat, cité par l'APS, soulignant qu'Israël doit stopper la colonisation à Jérusalem-est et en Cisjordanie. Cette situation a amené l'Autorité palestinienne à demander une reconnaissance d'«Etat» auprès des Nations unies afin de se doter d'un moyen diplomatique efficace de dissuasion devant Israël qui poursuit, en violation totale du droit international, ses pratiques coloniales illégales d'élargissement sur les territoires palestiniens. Jouissant de son nouveau statut d'«Etat» observateur non membre de l'ONU, après qu'elle ait été longtemps considérée comme simple entité, la Palestine sera désormais en droit de brandir la menace de traduire les Israéliens devant les instances de justice internationales, si Israël ne met pas fin à ses activités de colonisation.