Pourquoi les palestiniens souhaitent cette reconnaissance ? Mahmoud Abbas estime que les négociations de paix menées depuis vingt ans avec Israël sous l'égide des Etats-Unis ont échoué. Pour tenter de débloquer la situation, il souhaite obtenir la reconnaissance d'un Etat palestinien à l'ONU tout en laissant la porte ouverte à une reprise des négociations avec Israël, indispensables, selon lui, à la création d'un Etat indépendant en tant que tel. Pourquoi les Palestiniens veulent un état reposant sur les frontières de 1967 ? L'Autorité palestinienne souhaite un Etat basé sur les frontières de 1967, avant la guerre des Six Jours et avant l'occupation par Israël de la Cisjordanie et d'El Qods-Est. Par cette revendication, les Palestiniens espèrent qu'Israël ne sera plus en mesure de qualifier ces territoires de «terres disputées». Israël redoute qu'une telle reconnaissance ne permette aux Palestiniens de saisir la Cour pénale internationale (CPI) contre Israël pour contester la présence des 500 000 Israéliens vivant à El Qods-Est et en Cisjordanie, deux territoires revendiqués par les Palestiniens. Vont-ils obtenir cette reconnaissance à l'ONU ? Les Etats-Unis ont prévenu qu'ils feraient usage de leur veto pour bloquer toute demande de reconnaissance à part entière d'un Etat palestinien au Conseil de sécurité de l'ONU. L'AP dispose actuellement d'un statut d'«entité non-membre» participant à titre d'observateur aux travaux de l'ONU. Si Washington met sa menace à exécution, l'Autorité palestinienne pourrait demander un statut d'Etat non-membre - à l'instar du Vatican - qui requiert un simple vote à la majorité à l'Assemblée générale. Ce statut lui permettrait de contester devant la CPI les colonies juives implantées sur son territoire et le blocus de la bande de Ghaza. Quelles sont les éventuelles conséquences négatives pour les P alestiniens ? Israël pourrait porter plainte contre les Palestiniens devant la CPI concernant les missiles tirés de la bande de Ghaza, territoire administré par le mouvement islamiste Hamas. Certains détracteurs de l'initiative palestinienne affirment que la reconnaissance d'un Etat indépendant à l'Onu pourrait mettre en péril les droits des réfugiés palestiniens et le statut de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Le rejet de l'initiative palestinienne à l'ONU ne devrait pas changer grand-chose sur le terrain mais certains Israéliens redoutent que la déception des Palestiniens ne se traduise pas des actes de violences et ne déclenche une nouvelle Intifadha. Quelles seraient les sanctions américaines ou israéliennes contre l'AP ? Les autorités israéliennes ont annoncé leur intention d'adopter des mesures de représailles, comme une limitation des déplacements des dirigeants palestiniens hors de Cisjordanie ou une annexion des colonies implantées en Cisjordanie pour contourner la CPI. Certains élus américains ont également indiqué qu'ils pourraient réduire l'aide américaine versée à l'Autorité palestinienne, qui s'élève à 450 millions de dollars par an.Priver l'Autorité palestinienne de financements pourrait entraîner un effondrement de l'économie et engendrer de l'instabilité. Les Palestiniens pourraient-ils renoncer au dernier moment à solliciter l'ONU ? Pour que l'Autorité palestinienne revienne éventuellement sur sa décision, Israël devra faire des concessions, en acceptant notamment de promulguer un nouveau moratoire des constructions de colonies et de prendre les frontières de 1967 comme base des négociations. Ces concessions semblent à l'heure actuelle inenvisageables.