Toute la commune de N'gaous (Batna) ne jure que par elle. Elle ? C'est l'unité N'gaous de transformation des fruits et de production d'eaux fruitées, boissons et conserves. Et pour cause, cette entreprise est l'unique industrie de cette région enclavée. Elle fait vivre environ 300 familles et ce sans parler des agriculteurs qui ont trouvé en elle un débouché pour leur production agricole, notamment d'abricots. Créée en 1980 et s'étalant sur une superficie de 6ha, cette unité de la filiale N'gaous du groupe Enajuc emploie un effectif permanent de 160 personnes et 120 agents contractuels. Depuis 1999, elle enregistre des bilans positifs successifs. Elle a réussi à s'imposer sur le marché national où ses produits sont très prisés pour leur qualité, mais aussi sur un marché mondial où la concurrence est rude. Elle a obtenu la certification du système de management Iso 9001, version 2000. Elle exporte vers la France, l'Angleterre et le Canada. Ses produits ont également investi les étals de certains magasins tunisiens et libyens grâce à la contrebande. Les recettes de l'APC proviennent en grande partie de cette usine qui fait vivre cette commune pauvre. Elle est aussi l'unique sponsor des associations culturelles et sportives. Ces performances sont le résultat de la détermination et la volonté de ses travailleurs. Ces derniers s'attendent à être récompensés pour leur dévouement. Ils espèrent que la décision du Conseil des participations de l'Etat soit en leur faveur dans le cadre de la privatisation de l'unité N'gaous. Ils souhaitent bénéficier du droit de préemption que leur accorde la loi. OFFRE SOLIDE Pour ce faire, ils se sont constitués en société de salariés et ont soumissionné pour reprendre leur usine suite à l'appel d'offres lancé en août 2005. « Nous avons élaboré une stratégie globale avec des objectifs généraux déclinés en objectifs opérationnels fragmentés en plan d'actions avec un instrument de mesure et de suivi », relève Driss Abdelkrim, assistant du PDG et chef du département qualité, rencontré jeudi dernier en marge du Salon international Djazagro. Le collectif des travailleurs est le mieux indiqué pour gérer cette entité industrielle, estime -t-il. « Nous avons fait une offre financière solide et intéressante qui tient compte du potentiel industriel acquis par l'Etat. Nous avons une stratégie d'investissement pour les cinq prochaines années. Qui mieux que nous connaît la valeur de l'entreprise ? », affirme-t-il avec ces arguments. Selon lui, la Société de salariés à tous les atouts pour damer le pion aux quatre autres soumissionnaires intéressés par l'unité. « Nous maîtrisons le process technologique. Nous sommes en mesure de renforcer la marque N'gaous et d'améliorer la capacité de production qui est de 20 000 t actuellement tous produits confondus », a-t-il assuré. La priorité actuelle de cette unité est d'améliorer la distribution du produit à travers le territoire national qui est quelque peu défaillante. Selon notre interlocuteur, la reprise de cette unité par les travailleurs aura des répercussions bénéfiques sur la prise de décision et sur la relation avec les banques du fait qu'ils ne dépendront plus d'une tutelle à laquelle ils doivent se référer pour la moindre action. Une telle dépendance engendre des lenteurs qui handicapent le développement de l'entreprise.