En 2009, il y a eu une production de 7 000 tonnes d'abricots, dans les trois zones de production, à savoir N'gaous, Boumagar et Sofiane. Dans les mêmes zones et vergers de production, la production 2010 ne dépasse pas 1400 tonnes. L'abricot n'en fait qu'à sa tête, une année oui, l'autre non, pourtant N'gaous et toute sa région, qui ressemble à une oasis, vit et respire au rythme de ce fruit aussi fragile que gâté. Les producteurs sont résignés et acceptent la loi de leur arbre fétiche, de la famille des rosacées. Ici l'abricotier est roi. Pourtant la récolte de cette année est qualifiée de médiocre, en comparaison à celle de la saison dernière. Les signes de la bonne saison sont absents : la ruée des camions des différentes régions du pays, les vendeurs mitoyens des vergers, mais surtout aucun signe de fête que d'habitude les N'gaoussis affichent. À la sous-direction de l'agriculteur de la daïra de N'gaous, on ne fait pas exception quant à la déception générale, M. Bendrihem, le subdivisionnaire, nous explique que c'est une chose tout à fait normal, c'est presque la seule richesse et source de revenus des agriculteurs de toute la région, c'est-à-dire d'une grande partie de la population. Notre interlocuteur nous fournit de chiffres (de la production d'abricots). Ils expliquent le marasme général. En 2009, il y a eu une production de 7 000 tonnes d'abricots, dans les trois zones de production à savoir, N'gaous, Boumagar et Sofiane. Dans les mêmes zones et vergers de production ; la production 2010 ne dépasse pas 1 400 tonnes. Différentes et multiples explications sont données à cette production en dents de scie. Aussi bien les producteurs que les spécialistes parlent d'alternance connues chez les arbres à noyaux et l'abricotier en fait partie, surtout la variété (louzi) très répondue à N'gaous et ses environs. Une bonne saison la suivante et toujours mauvaise c'était prévisible selon nos interlocuteurs. Mais ce n'est pas la seule explication. À la subdivision, on affirme que le changement climatique y est pour beaucoup. Le débourrement précoce des fleurs de l'abricotier en plein hiver vu le climat chaud et au premier retour du froid et de la gelé, c'est l'avortement dans le jargon des agronomes. Le phénomène est cyclique et commence à inquiéter sérieusement les producteurs, qui se disent désarmés face à cette nouvelle menace, en plus de la grêle qui a touché la région de Boumagar, sans oublier le dépérissement, qui n'a qu'un seul remède le rajeunissement du verger. Les producteurs de la petite localité de Sofiane ont pris les devants. Avec ses 450 hectares de production et 71 forages avec une capacité de 530 litres/seconde, Sofiane vole la vedette à N'gaous, pour devenir, pour se proclamer premier pôle de production d'abricots, dans toute la région. Les producteurs de Sofiane et la petite localité de Tinibaouine, innovent et diversifient. En plus de l'abricotier, l'olivier réapparaît après des années d'absence. Ce dernier (l'olivier) ne joue pas les seconds rôles, il gagne du terrain, c'est un produit stratégique, pas comme l'abricot, qui n'est qu'un fruit, nous dit un jeune producteur. Beaucoup de producteurs sont enclins à un retour à l'olivier, et les espaces qui lui sont réservés prouvent ce penchant. Pas exigeant, ne demande pas beaucoup d'eau, les arguments de l'oléiculture, sont indiscutables : avec la même quantité d'eau, les fellahs peuvent doubler le nombre d'arbres, quand il s'agit d'olivier, est-ce la fin de l'abricotier ? Aussi bien le délicieux jus de N'gaous que le kilogramme d'abricots destiné à la consommation sont proposés au même prix dans leur ville native qu'à Batna à 100 km ou à Tindouf à 1 000 km, c'est-à-dire au même prix que la banane du Costa-Rica, des fois un peu plus, une équation qui défit toutes les lois du marché et qu'on arrive toujours pas à expliquer. L'ouverture de petites unités d'extraction d'huile dans toute la région signifie la fin d'un monopole et d'un règne d'un fruit capricieux… L'avenir nous le dira.