Une seconde édition plus riche que la précédente, deux sections (documentaires projetés à la Cinémathèque algérienne, long-métrage à la salle Ibn Zeydoun), deux jurys pour décerner les traditionnels prix, des rencontres presse avec les réalisateurs présents et deux tables rondes autour de thèmes malheureusement mille fois visités et peu originaux, tels que le rapport entre les jeunes réalisateurs et la guerre de Libération ou bien les frontières thématiques pour un cinéma engagé, d'où l'intitulé du festival. Ne revenons pas sur le titre assez discutable (toute œuvre est par définition engagée) et décortiquons de près les quelques films proposés. Par exemple, il faudra d'urgence accompagner le réalisateur Mehdi Lallaoui et son film La Moudjahida et le Parachutiste, l'écouter et savourer la langue cinématographique d'un grand et méconnu documentariste. On évoque souvent Malek Bensmaïl, n'oublions pas Lallaoui. On empruntera dans la foulée une autre route, celle de la fiction et on s'arrêtera devant les maisons du Sénégalais Alain Gomis (Aujourd'hui), du Français Rachid Djaïdani (Rengaine), de l'Algérienne Djamila Sahraoui (Yema), du Chilien Patricio Guzman (Nostalgie de la lumière) et des Italiens et respectivement frangins, Paolo et Vittorio Taviani (César doit mourir). L'engagement de ces cinéastes réside, délicieusement, dans leur propension à se réapproprier la tragédie, soit en sollicitant Shakespeare (Rengaine, c'est Roméo et Juliette dans une France pluriculturelle et César doit mourir, c'est la teneur et la force de la pièce éponyme du dramaturge anglais), soit en empruntant le verbe des livres sacrés. Aujourd'hui et Nostalgie de la lumière, deux films qui marient inquiétude, étrangeté et ambiance quasi-christique. Quant à Yema, c'est toute la force de la sempiternelle «Mère courage», adaptée dans une région kabyle où la proie du totalitarisme se confronte aux doutes de la liberté individuelle. Au-delà d'une certaine politisation de l'image, il faut absolument retenir une chose : le cinéma est à son meilleur quand il sollicite la «plus belle des beautés», celle d'emmener ses personnages au bout du tunnel de la tragédie. Au fond, le plus important reste le cinéma, et rien d'autre !