Comment être représenté à l'APN sans participer aux élections ? Dans le monde démocratique, c'est un casse-tête épineux et une équation sans solution. Mais en Algérie, c'est très simple, il suffit d'attendre que des élus au dernier scrutin législatif quittent leur parti pour rejoindre le sien. C'est ainsi que le parti TAJ, agréé il y a quelques mois, a récupéré des dizaines de députés et peut constituer un groupe parlementaire, ce que de vieux partis n'ont toujours pas réussi à faire. De la magie ? Non, de la prestidigitation. Mais comment devenir la troisième force du pays sans véritable ancrage populaire ou expérience électorale ? Très simple là aussi, il suffit d'être soumis au président, d'être agréé par l'intérieur, de se voir offrir dans la foulée un ministère puis de se présenter avec son dossier aux élections pour se voir attribuer des voix. C'est ainsi que le MPA s'est vu propulser dans la cour des grands et a pris la place de l'ex-troisième force, le MSP, déchu du paradis pour avoir contesté l'autorité des Dieux et craché dans la soupe. De la magie ? Non plus, de la prestidigitation. Mais il y a une chose de commun dans ces deux tours de passe-passe à l'algérienne. Le TAJ, tout comme le MPA, sont de tout nouveaux partis agréés Ansej à la suite de la pression du Printemps arabe, ce même printemps qu'ils rejettent tous les deux. De fait, ils ont les mêmes remerciements à faire. En général, à la fin d'un spectacle de magie, les prestidigitateurs remercient le public. Encore une fois, l'Algérie aime à faire le contraire et le MPA ne s'y est pas trompé. Alors même que l'Autorité suprême hésite encore à s'engager dans une quatrième mi-temps, Amara Benyounès s'est aussitôt prononcé pour un quatrième mandat de Bouteflika. On ne remercie pas le public, de toute façon interdit d'entrer dans la salle de spectacle, mais le producteur. C'est quand même lui qui a l'argent.