Le patron privé Issad Rebrab, malgré ses nombreux investissements réussis, reste sujet aux blocages imposés à ses projets ambitieux par l'administration. Le dernier épisode en date est celui de la zone industrielle de Bellara, à Jijel, qui accueillera dès 2013 un projet sidérurgique qatari au lieu de celui équivalent proposé par Rebrab depuis des années déjà. L'industriel, qui s'implante avec succès à l'étranger, souffre, selon ses dires, de tracasseries multiples en Algérie, l'empêchant de mettre à exécution ses projets créateurs de richesses et d'emploi. Dans un entretien accordé au magazine Jeune Afrique, Rebrab précise : «Cevital avait déposé le dossier au Conseil national des investissements qui l'avait approuvé trois ans avant celui des Qataris.» «Nous avions l'intention de mener un projet de 5,5 millions de tonnes d'acier sous toutes ses formes. Que ce soit pour l'automobile ou toute autre utilisation industrielle», a indiqué Rebrab. Et de poursuivre : «Quand j'ai été voir le ministre de l'Industrie de l'époque, la moitié avait été attribuée aux Qataris, l'autre moitié à Renault. Puis Renault s'est désengagé. Nous avons donc demandé au nouveau ministre de nous donner le reste. Il a refusé. Je ne m'explique pas ce refus de l'Etat.» Il est à noter qu'en novembre 2012 un accord pour la création d'une société mixte de sidérurgie algéro-qatarie a été paraphé par l'Algérie et le Qatar suite à un mémorandum d'entente pour la réalisation d'un complexe sidérurgique dans la zone industrielle de Bellara d'une capacité globale de 5 millions tonnes par an. L'accord final sera signé lors de la visite prochaine en Algérie de l'émir du Qatar. L'investissement va coûter 2 milliards de dollars dans une première phase et permettra de produire 2 millions de tonnes d'acier par an à partir de 2017, une production qui va s'élever progressivement à 5 millions de tonnes, selon les précisions du ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Cherif Rahmani, reprises par l'APS. Le capital du complexe sera détenu à 51% par l'entreprise Sider et le Fonds national de l'investissement (FNI) et à 49% par Qatar International, une joint-venture entre Qatar Steel et Qatar Mining. La participation du FNI dans ce projet n'a pas encore été définie, selon une source proche du ministère de l'Industrie citée par l'APS. Face à ces développements en faveur d'un partenariat avec les Qataris, l'industriel algérien juge qu'il existe une méfiance envers les industriels nationaux. «Je vous dirais que malheureusement, nous vivons dans une organisation méfiante. Et l'organisation méfiante crée le malaise. Le malaise fait fuir les responsabilités. La fuite des responsabilités crée la bureaucratie, ce qui inhibe la créativité, sclérose l'organisation», a déclaré notamment Rebrab à Jeune Afrique, estimant qu'il faut instaurer la confiance et faire confiance aux opérateurs privés pour créer des emplois et de la richesse.