Enfin ! Pourrait-on dire au lendemain de la signature d'un mémorandum d'entente entre l'Algérie et le Qatar pour la réalisation d'un complexe sidérurgique dans la zone industrielle de Bellara, à Jijel, d'une capacité globale de 5 millions tonnes/an. Si l'accord en lui-même est très important, le paraphe de ce samedi après-midi à Alger entre les deux parties met fin à un singulier dossier sur le site en question qui aura fait couler beaucoup d'encre. La zone industrielle de Bellara, dont il s'agit, a agité la sphère industrialo-économique nationale du fait des nombreux projets et éventuels acquéreurs du site qui se sont relayés tout au long de ces presque quatre dernières décennies. Pour revenir au complexe, le document a été signé par le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Mohamed Benmeradi, et le ministre qatari de l'Economie et des Finances, Youcef Hussein Kamel. Ce dernier a souligné que le projet du complexe de Bellara est le premier d'une série d'investissements que son pays prévoit de réaliser en Algérie, notamment dans la construction automobile. Et c'est naturellement vers le constructeur allemand Volkswagen, dans lequel le Qatar est actionnaire, que les négociations vont se tourner pour monter une usine de fabrication de voitures en Algérie. « Le projet en question sera réalisé dans le cadre d'un partenariat entre l'Algérie, le Qatar et Volkswagen », dira d'ailleurs Youcef Hussein Kamel qui fera savoir également que Doha et Alger projetaient de créer « un fonds mixte pour réaliser ensemble des investissements à l'étranger ». Côté chiffres, et au démarrage, le futur complexe sidérurgique, opérationnel d'ici 24 à 30 mois, produira 2,5 millions de tonnes d'acier/an, avant de passer à 5 millions de tonnes/an. D'un coût prévisionnel de 1,2 milliard de dollars, il permettra la création de quelque 2.000 emplois directs, notamment dans la fabrication de l'acier plat et des aciers spéciaux en vue de développer l'industrie du rail en Algérie. L'Algérie importe chaque année l'équivalent de 10 milliards de dollars de produits sidérurgiques, soit près de 20% de sa facture d'importation globale, selon les données de Mohamed Benmeradi qui avait annoncé la réalisation de ce complexe en octobre dernier. Le partenaire algérien dans ce projet est le groupe Sider qui devrait détenir les 51% des actions avec le Fonds national des investissements (FNI), alors que pour les 49% qataris, ils seront partagés équitablement entre Qatar Mining et Industries Qatar, dont l'association donnera naissance à une nouvelle société (New Co). L'étude de faisabilité du projet a été quant à elle confiée par le Qatar au cabinet anglais Atkins et dont les conclusions seront remises avant août 2012. La signature de ce mémorandum d'entente met ainsi fin à quatre décennies de tergiversations, de négociations non abouties et de projets « farfelus ». Les Qataris ont décroché le jackpot finalisant ce que des investisseurs égyptiens, indiens, italiens, japonais ou émiratis n'ont pu réaliser. Celui d'investir dans la désormais célèbre zone de Bellara, un vaste terrain en jachère de 523 hectares et fort de son terminal pétrolier. Erigée en zone industrielle d'intérêt régional en 2004, Bellara a toujours été au centre des convoitises et a vu, en 2007, la venue de Ahmed El Ezz, l'homme fort du Parti National Démocratique de Hosni Moubarak, aujourd'hui incarcéré avec ce dernier en Egypte, qui y avait annoncé l'investissement de 750 millions de dollars pour la réalisation d'un complexe sidérurgique. En 2010, trois groupes, Mitsui (Japon), Arcelor Mittal (Inde) et Cevital (Algérie) avaient manifesté leur volonté pour la réalisation de projets sidérurgiques dans la zone industrielle de Bellara, selon l'ex-ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar qui a souligné alors que du fait de la superficie limitée de la zone, on ne pouvait accepter plus de deux projets. Le groupe sidérurgique Arcelor Mittal projetait d'investir 2,5 milliards de dollars pour la réalisation d'installations industrielles pour la production d'acier pur (pré-réduit) et d'une centrale électrique. Arcelor Mittal avait demandé une superficie de 230 hectares dans la zone industrielle de Bellara, qui en compte 523. Mais son projet a été retardé à cause de la crise financière, sachant que le groupe indien a été frappé de plein fouet. Pour le groupe Cevital, le site de Bellara est idéal pour la réalisation d'un complexe sidérurgique d'envergure et ce, dans le cadre du projet Cap 2015. Par ailleurs, et dans le cadre des travaux de préparation du projet de véhicules initié par les pouvoirs publics avec le groupe Renault, une délégation conduite par le Président-directeur Général de la Société Nationale des Véhicules Industriels (SNVI) et composée d'experts de Renault s'était rendue sur site pour s'enquérir des potentialités qu'offre la zone de Bellara. Une visite infructueuse lorsqu'on saura que Renault avait refusé de construire son usine à Jijel malgré la position géographique de la zone industrielle, ses aménagements et les structures existantes, ainsi que la disponibilité des différents réseaux et sa proximité des infrastructures de base tel que le port de Djendjen, le dédoublement de la RN 43, l'aéroport Ferhat Abbas et la gare de tri de Bazoul.