Les habitants des villages Aït Aïssa Ouyahia et El Had, chef-lieu de la commune d'Illilten, (70 km au sud de Tizi Ouzou), ont été tirés de leur sommeil, dans la nuit de vendredi à samedi, par des bruits sourds provenant du mont Azrou n'Thour (1800 m d'altitude) qui surplombe la localité. Les villageois craignent de revivre le cauchemar du mois de mai dernier, lorsqu'une coulée boueuse chargée de rocaille et de troncs d'arbres dévalait dans un talweg étroit, menaçant les habitations situées en aval. Le domicile de Koucila se trouve sur les berges de l'oued qui devrait contrevenir la coulée. «Hier, dans la nuit, les habitants commençaient à entendre des bruits bizarres provenant de la montagne. Quelques minutes plus tard, l'eau commençait à ruisseler dans l'oued, de plus en plus épaisse et rapide. Elle était chargée de boue», raconte ce jeune villageois. Pour l'heure, il n'y a pas eu d'évacuation de la population, a-t-on appris hier. Des travaux ont été entrepris par des villageois avec les moyens de l'APC pour déboucher le canal afin de permettre l'évacuation de la coulée boueuse. Rappelons que des travaux avaient été engagés l'année dernière pour rétablir le réseau d'eau potable, l'élargissement du lit de l'oued, le confortement des maisons touchées par la coulée, la consolidation des berges et la construction d'une digue afin de parer à d'éventuelles autres coulées de boue. Mais les habitants affirment que les travaux effectués n'ont pas résolu le problème, puisque le pont enjambant le CW253, qui relie Illilten à Akbou (Béjaïa), a été une nouvelle fois obstrué par des roches et des troncs d'arbres charriés par la coulée. Les responsables locaux avaient même sollicité l'année dernière les spécialistes du Centre national de recherche appliquée en génie parasismique (CGS) pour analyser ce phénomène jamais observé dans la région. Zone d'aléas, la daïra d'Iferhoune dont relève la commune d'Illilten, n'est pas près d'en finir avec ce phénomène. Contacté par téléphone, l'architecte Aoudj Mohand Akli, dont le bureau d'études avait été retenu pour l'élaboration du Plan directeur d'aménagement et d'urbanisme (PDAU) de la zone d'Iferhounene, estime : «On s'attendait un peu à ce que le phénomène reprenne. Après s'être tarie quelque temps, l'eau qui était emmagasinée dans les cavités devait refaire surface à cause, notamment, des précipitations. Une fois ces cavités pleines, l'eau ne pouvant plus avancer, elle exerce une pression sur les parois pour se libérer en éjectant des tonnes de boue et de pierres et cela ne s'arrêtera pas jusqu'à ce que le lavage soit terminé.»