La 6e et dernière soirée de la 4e édition du Festival maghrébin de musique andalouse de Koléa (Tipasa), qui s'est achevée très tard dans la nuit du jeudi à vendredi dernier, a atteint son apogée grâce à la magistrale démonstration artistique et musicale du chanteur Hamidou. Sa prestation a duré environ 95 minutes. Le chanteur algérien était accompagné par une pléiade de musiciens, avec à leur tête le talentueux chef Abdelhadi Boukoura. Il a interprété de l'andalou, du haouzi et du chaâbi. Des rythmes musicaux qui ont été appréciés et fait vibrer une foule impressionnante de mélomanes venus des wilayas environnantes. Les youyous stridents des femmes donnaient une atmosphère particulière à cette seconde et dernière partie de la soirée de clôture du festival. Un photographe professionnel, de surcroît mélomane, emballé, enivré de bonheur et de joie tenait son appareil et a abandonné son corps aux rythmes des airs musicaux et des chants, superbement exécutés par les artistes sur une scène où les couleurs s'enchaînaient, afin de donner plus de relief à cette ambiance conviviale et chaleureuse. Un vieil homme, coiffé de sa chéchia, «client potentiel» des festivals de musique andalouse à Koléa, surgit au pied de la scène afin d'exécuter des lents pas de danse et suivait le tempo de l'orchestre. Applaudissements, youyous et flashes des photographes suivaient la prestation inattendue de cet «artiste». Ahmed Gana, l'un des organisateurs discrets du festival, a transformé les coulisses en une piste de danse. A l'abri des regards du public, il a laissé son corps tanguer en parfaite harmonie avec les «incessantes vagues» des airs musicaux produits par les 11 différents instruments de musique. Labri Nordine, l'homme à tout faire de cette manifestation, pilier local du festival, s'occupait des artistes en plein travail sur la scène, en leur distribuant les bouteilles d'eau et du miel pour Hamidou. La troupe observait Hamidou «butiner» dans un bocal de miel, afin de «huiler» ses cordes vocales. Le commissaire du festival, Benblidia Hamid, les yeux dissimulés par une paire de lunettes noires, assis au 1er rang, moins bavard que d'habitude, savourait ces moments magiques du festival et l'ambiance qui y régnait. Les absences des autorités et de quelques artistes lors de cette 4e édition du festival ne sont pas passées inaperçues. Le jeune Ramy Menadi, jour de son anniversaire, entouré par ses parents, était aux anges, lui l'artiste en herbe au sein d'une association musicale de Cherchell. Le chanteur Hamidou a laissé une forte impression et beaucoup d'émotions chez les nombreuses familles venues de Blida, d'Alger et de Cherchell, à l'issue de son sublime passage. La chanteuse portugaise, Cristina Branco, est venue pour la 3e fois en Algérie. Elle a bercé l'assistance durant la première partie de cette soirée au rythme du fado, un style musical venu du Brésil. Accompagnée par Eurico Dionisio (guitare portugaise), Bernardo Morera (contrebasse) et Ricardo Dias (piano - accordéon), Cristina Branco, crispée et timide lors de sa prestation, a pu imposer un style musical allant du fado en passant par le tango et le jazz, que le public écoutait religieusement. Kiyoshi Wada, conseiller auprès de l'ambassade du Japon et son épouse ont découvert Koléa à travers cet événement culturel. «Le public de Koléa a été merveilleux, j'ai chanté des histoires d'amour durant mon récital», nous a déclaré Cristina Branco à l'issue de son tour de chant, au moment où elle croisait Hamidou concentré avant de monter sur scène. L'entame de cette dernière soirée de la 4e édition du festival a mis du temps à débuter. Les organisateurs ont rendu un hommage à l'un des monuments de la musique andalouse, le cheikh Kaddour Darsouni. Fatigué, il ne pouvait effectuer le déplacement de Constantine jusqu'à Koléa. L'animateur de l'ENTV, présent pour la 1re fois au festival, s'est illustré par quelques bourdes durant ses prestations. Des erreurs qu'il faut mettre à son manque d'expérience. Il est minuit 45, l'heure où Benblidia Hamid donnera rendez-vous aux mélomanes pour la 5e édition. Les familles souhaiteraient découvrir d'autres talents algériens et maghrébins en 2013. Un vœu à exaucer.-