Le conférencier relève la nécessité de tenir compte d'un certain nombre de facteurs pour éviter un drame humanitaire dans la région. La décision devrait être annoncée demain à l'occasion de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU. L'envoi d'une force militaire au Mali se précise et plusieurs facteurs la favorisent. C'est en tout cas ce que pense Kamel Rezzag Bara, spécialiste des questions sécuritaires en Afrique et conseiller à la présidence de la République. Selon lui, l'Organisation des Nations unies (ONU) qui avait déjà adopté deux résolutions concernant le Mali (2056 et 2071) avalisera, dès demain, la demande émanant du Mali et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) concernant l'envoi d'une force armée au Nord-Mali. «Le 10 décembre (demain, ndlr), il y aura le dialogue au niveau ministériel à l'ONU sur la crise malienne. Il y a d'emblée un certain nombre d'indices et de facteurs qui font que l'ONU ordonnera l'envoi d'une force de stabilisation au Mali», a-t-il lancé, lors d'une conférence-débat sur le thème «La problématique sécuritaire au Sahel» organisée, hier à Alger, par l'université Alger 3. «Il y aura une déclaration présidentielle sur la demande du Mali relative à l'envoi d'une force de stabilisation dans le pays», soutient-il. Pour le conférencier, le Sahel constitue «un hot-point (point chaud)» et la communauté internationale a introduit d'autres principes qui justifient l'intervention militaire au Mali. Kamel Rezzag Bara, qui s'exprimait en tant que spécialiste et non en tant que conseiller de la Présidence, évoque, dans ce sens, le principe de «la responsabilité de protéger les vies humaines». «Les actes des différents mouvements terroristes dans la région, dont les atteintes aux monuments religieux et historiques ainsi que les violences à l'égard des populations civiles, sont des facteurs essentiels qui justifient l'intervention de la communauté internationale», soutient-il. En évoquant ce nouveau principe, il s'interroge sur le sort de «la notion de la non-ingérence étrangère au Mali et dans la région du Sahel défendue par l'Algérie». «Cette notion serait-elle toujours valable en cas d'une décision onusienne favorisant l'intervention au Mali ? Est-ce qu'elle (l'éventuelle intervention) sera toujours considérée comme une ingérence ?», demande-t-il, avant de souligner : «Il y a une évolution sur le plan sémantique.» D'autant plus que l'intervention étrangère au Sahel semble inévitable, Rezzag Bara relève la nécessité, pour la communauté internationale, de tenir compte d'un certain nombre de facteurs pour éviter un drame humanitaire dans la région. Ainsi, estime-t-il, «il ne faut pas ethniciser la crise au Mali en la présentant comme un conflit entre Touareg musulmans et les populations noires». Selon lui, une telle confusion «serait une grave erreur, surtout que dans la région il n'y a pas que des populations touareg». Faisant une rétrospective des événements qui se sont succédé dans la région et qui ont conduit à l'implantation des groupes terroristes dans ce vaste territoire pauvre et aride, le conférencier appelle, dans la foulée, à dissocier le terrorisme et les mouvements terroristes qui le représentent (AQMI et le Mujao) des revendications politiques des populations locales qui ne datent pas d'aujourd'hui. «Il ne faut pas aussi militariser, au sens international du terme, la lutte contre le terrorisme au Sahel. Ce n'est pas la bonne décision», indique-t-il. Dans ce sens, Kamel Rezzag Bara estime qu'il faut développer le dialogue entre les différentes parties maliennes et développer des programmes de développement au profit des populations de la région. «Nous ne croyons ni à un Etat ethnique ni à un Etat religieux au Mali. C'est ce que nous avons expliqué aux Maliens et aux représentants d'Ançar Eddine. La solution, c'est un Etat démocratique», précise-t-il.