Rada Ivekovic, enseignante à l'université de Saint-Etienne, est revenue dans une conférence animée à la Bibliothèque nationale sur le rapport étroit entre la femme et la citoyenneté. L'universitaire a largement développé, dès l'abord, le concept qui fait florès dans les sciences sociales, celui de genre. Plus soft, le concept tend à prendre le dessus sur celui du sexe. Daho Djerbal, directeur de la publication Naqd, qui l'a invitée, a pris le soin d'« aiguiller » la conférencière qui s'est enlisée, par moments, dans une phraséologie trop savante. Aussi, l'espace public sous toutes ses formes reste différencié. « Il n'est pas le même pour tous. Cela touche toutes les sociétés. La différenciation entre les deux genres cache d'autres exclusions affectant d'autres segments de la société. » L'exercice de la citoyenneté pour beaucoup obéit, à l'entendre, beaucoup plus à des critères sociaux et historiques que biologiques. Le politique et le social influent sur les représentations mentales des populations. Rien n'est acquis et tout évolue avec le temps, semble nous dire la citoyenne de l'ex-Yougoslavie. De son côté, la raison toujours changeante et dont se prévalent certains pour justifier l'exclusion, obéit également à des critères. « La nation et la différence des sexes » ont été, par ailleurs, l'objet de la conférence de jeudi, animée au Centre culturel français. Pour Rada Ivekovic, l'exclusion de la nation, qui reste un concept fortement « sexué » se fait subrepticement par « l'inclusion » dans un système hégémonique. Les femmes, pour ne parler que d'elles, sont restées depuis toujours hors de la décision politique. La nation qui renvoie à la notion universelle de père fondateur « donne une place » aux femmes sans lui « donner la voix ».