Quelle catégorie de population est concernée par le travail des enfants en Algérie ? L'Algérie a un taux de scolarisation très élevé, mais quand on désagrège les statistiques, on constate qu'en milieu rural, c'est là que les enfants travaillent le plus. Ils sont soit poussés par leurs parents, soit animés par leur propre décision. Vous savez, environ 300 000 enfants travaillent en Algérie, et la grande majorité en milieu rural. La proportion du travail des enfants est-elle inquiétante en Algérie ? En comparaison avec les autres pays africains, le travail des enfants est peu important. Mais c'est un pays très étendu où les zones rurales échappent à la visibilité. Il existe des poches de misère bien méconnues. Par exemple, nous allons entamer un programme d'appui dans un village d'Adrar, dans la daïra de Charouin, où 0,6% des filles vont à l'école ! Ce sont des poches de pauvreté où la tradition règne. Quels sont les moyens pour remédier au problème de la déperdition scolaire ? L'Unicef concentre ses actions sur l'école. Nous voulons rendre ce lieu attractif pour éviter l'absentéisme. Pour cela, nous donnons les moyens aux autorités locales de développer l'école pour qu'elle soit un véritable lieu de vie et d'apprentissage. L'enfant doit trouver sa place dans la communauté de l'école. A Boumerdès, dans le cadre de notre programme d'appui, les écoles sont équipées d'ordinateurs, des ateliers y sont dispensés, et on a constaté que l'absentéisme a considérablement baissé. Pour cela, il faut que les acteurs de l'école, corps enseignants et associations de parents d'élèves, dialoguent. Nous axons surtout sur la formation des acteurs de la gestion de l'école. La sensibilisation des parents reste un facteur essentiel : beaucoup sont encore persuadés qu'il vaut mieux travailler avec la famille qu'à l'école. Mais c'est un mauvais calcul, il faut convaincre les parents qu'on ne peut sacrifier l'école pour leurs enfants.