C'est le médiateur de la République, Diango Cissoko, qui a remplacé hier le Premier ministre Cheick Modibo Diarra sommé de remettre sa démission, il y a deux jours, par les militaires l Sa priorité, dit-il, est «de former un gouvernement d'union nationale, de récupérer le Nord et d'organiser des élections». Un défi très difficile à relever dans un pays miné par une crise politique à Bamako et une occupation des deux tiers du territoire par les rebelles touareg et les terroristes… Moins de 24 heures après la démission forcée du Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, le président intérimaire Dioncounda Traoré annonce son successeur. Il s'agit de Diango Cissoko, le médiateur de la République. Le chef de la junte, le capitaine Sanogo, a justifié ce fait en disant : «Avec Diarra, rien ne marchait et au lieu d'être le chef d'équipe pour conduire, il était quand même le point de blocage.» Agé de 62 ans, le nouveau Premier ministre est connu de tous pour avoir dirigé plusieurs ministères, avant de finir secrétaire général de la Présidence, sous le règne de Moussa Traoré, qui avait été écarté par un coup d'Etat militaire en 1991, après 22 ans de pouvoir. Diango Cissoko est depuis 2008, secrétaire général de la Présidence, sous ATT, lui aussi renversé par les militaires le 22 mars dernier. Mais quelques mois avant ce putsch, Cissoko a occupé le poste de médiateur de la République. En le nommant Premierr ministre, le président Dioncounda et le chef de la junte, le capitaine Sanogo, voulaient faire sauter ce verrou qui, de l'avis de toute la classe politique, bloquait les concertations nationales qui devaient aboutir à la solution de la crise. Pour de nombreux chefs de parti, Diarra était aveuglé par l'ambition politique. L'arrivée de Cissoko en tant que Premier ministre est pour beaucoup un «soulagement» en raison de son expérience politique, même si pour l'instant rien n'apparaît à l'horizon, même pas l'avenir de la tenue des concertations, prévues les 12 et 13 décembre et reportées après la démission forcée de Diarra. D'ailleurs, dans sa première déclaration, le Premierr ministre précise que ses priorités sont «la récupération du Nord, l'organisation des élections et un gouvernement d'union nationale». Les concertations ne semblent pas constituer une priorité alors qu'elles sont pour beaucoup la clé de la solution au Nord, à partir du moment où il sera question d'élaborer une feuille de route pour régler définitivement la crise malienne que ce sont dans son volet lié à la libération du Nord, ou celui de la légitimité à Bamako. En tout état de cause, la destitution de Diarra continue de susciter des réactions. Celles de la communauté internationale. Hier c'était au tour de l'Union africaine de condamner les «conditions» de la démission en rappelant «l'exigence de la subordination totale» de l'armée au pouvoir civil. La veille c'est la France, qui a jugé «impératif que le pouvoir civil reprenne la main sur l'armée» en exhortant le nouveau Premier ministre à former un gouvernement représentant toutes les tendances politiques. Pour sa part, le président burkinabé, Blaise Compaoré, médiateur régional dans la crise malienne, a déclaré dans une conférence de presse : «Nous avons d'abord été inquiets comme l'ensemble de la communauté internationale, parce que le processus qui a conduit au départ du Premier ministre n'a pas suivi les règles du droit (…) Mais nous espérons que très bientôt un gouvernement sera mis en place et qu'il va s'atteler avec beaucoup de détermination à assurer un dialogue intérieur beaucoup plus fécond, à mobiliser réellement l'ensemble des composantes politiques et sociales du Mali pour gérer cette crise, mais aussi à se mettre à notre disposition dans le processus de paix.» Pour le médiateur, il s'agit de «dégager très rapidement un plan de paix pour amorcer une fin de cette crise, qui commence à vraiment durer». Blaise Compaoré, faut-il rappeler, avait entamé des négociations avec Ançar Eddine et le MNLA pour permettre aux deux groupes de se mettre au dialogue avec Bamako, après que la Cédéao prépare une intervention militaire internationale défendue par la France, que le Conseil de sécurité devrait autoriser avant le 24 décembre prochain. Néanmoins, cette option est de plus en plus éloignée, et c'est le dialogue qui semble prendre le dessus.