«La satisfaction affichée par le ministre (français) de la Défense et la président du Comité d'indemnisation est une véritable gifle aux associations qui, depuis dix ans, se sont battues et se battent encore pour une loi de réparation et de justice à l'égard des victimes.» Jean-Luc Sans, président de l'Association des vétérans des essais nucléaires (AVEN), et Roland Oldham, président de Moruroa et Tatou, n'ont pas caché leur colère après la troisième réunion de la commission consultative de suivi de la loi Morin qui s'est tenue mardi. Sur 600 dossiers examinés, seuls 9 ont été acceptés par le Comité d'indemnisation des victimes des essais nucléaires ! Tous de victimes françaises. «En ce qui concerne l'Algérie, 32 dossiers de civils ont été déposés, tous rejetés au motif que les pathologies déclarées ne rentrent pas dans le cadre de la loi Morin de 2010», a déclaré Jean-Luc Sans à l'APS. Alors que Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense, a affirmé que cette loi «est une bonne loi», Bruno Barillot, cofondateur de l'Observatoire de l'armement, rappelle que «la loi doit être changée, c'est du moins ce qu'avait promis le candidat François Hollande». L'Observatoire réclame, entre autres, l'application du principe de présomption de lien entre la maladie et la présence sur les sites et l'abandon du concept de «dose négligeable». Pour Sid Ammar El Hammel, président de l'Association du 13 février 1960, à Reggane, les dossiers n'ont «aucune chance d'aboutir s'ils sont déposés individuellement». «C'est toute la région de Reggane qui doit être considérée comme un dossier, souligne de son côté Sid Ammar El Hammel, joint par téléphone. Chaque pièce d'identité prouvant que nous sommes nés ici est une preuve. Mais s'il le faut, on peut aussi ajouter les photos des déchets laissés par les Français.» Le rapport du groupe d'experts franco-algériens mis en place après la visite de Nicolas Sarkozy en 2007 pour établir un état des lieux et faire des recommandations n'a toujours pas été rendu public.