De tous les peintres modernes de sa génération, Mohamed Bouzid est paradoxalement l'un des moins connus, alors que les collectionneurs privés en possession de ses œuvres se comptent par dizaines et qu'il a régulièrement participé aux expositions collectives des peintres algériens. On peut s'interroger sur ce déficit de notoriété et trouver des pistes dans le fait qu'il n'appartenait pas à la mouvance dite du signe. Mais des peintres comme Ali Khodja ou Bourdine, qui ne se rattachent pas non plus à cette mouvance, disposent d'une plus grande renommée publique. Il faut donc chercher ailleurs et peut-être dans la volonté de discrétion de l'artiste. Son œuvre méritait donc un hommage à la dimension de son talent, ce que le Musée national des beaux-arts d'Alger organise en ce moment (du 12 décembre 2012 au 31 janvier 2013). Ceux qui ne connaissent pas son travail découvriront un véritable style inscrit dans un semi-figuratif plus abstrait que figuratif, une maîtrise particulière des couleurs auxquelles il donne des effets de transparence, proches de celle de matières minérales comme le quartz ou l'onyx et, enfin, un univers où dominent des silhouettes diaphanes mêlées à leurs paysages comme pour ramener l'être humain à son statut de simple locataire du milieu naturel. Rappelons que Mohamed Bouzid, né en 1929 à Lakhdaria, est aujourd'hui un des doyens, sinon le doyen, de la peinture algérienne. Il est l'un des rares pensionnaires de la Casa Velasquez (en 1959) encore de ce monde, vivant et travaillant en France où il s'est installé en 1994. Une exposition de référence à ne pas rater. Intitulée «Bouzid ou l'itinéraire nostalgique» elle est la première escale de cet itinéraire artistique à travers la ville. Du Hamma, dirigeons-nous vers le centre-ville, rue Didouche Mourad, où l'école Artissimo accueille, à partir de cette semaine, une exposition de l'artiste-peintre et designer Arslane, par ailleurs comédien bien connu. Intitulée «Papillon et horizon», elle propose des œuvres sur papier de moyenne dimension qui combinent la complexité de formes et de couleurs des ailes de papillon et la sérénité des aplats figurant de grandes étendues. Un voyage pascalien entre infiniment petit et infiniment grand ? Une allégorie de la gestation du vol vers des ailleurs indéfinis ? En tout cas, une belle expression qui invite à une réflexion contemplative. D'Alger-Centre vers El Biar, rendons-nous à l'Institut culturel italien où, à partir du mardi 18 décembre et jusqu'au 15 janvier prochain, Valentina Ghanem-Pavloskaya et Moussa Bourdine, valeurs sûres de l'expression picturale algérienne, exposeront ensemble. La première artiste dévoilera une partie de son nouveau travail sur le Sahara destiné à une plus grande exposition individuelle. D'El Biar à Chéraga, il n'y a qu'un pas (sauf en voiture !) pour se rendre à la dynamique Galerie El Kenz qui propose, pour sa part, des œuvres récentes de Zohra Hachid-Sellal qui renouvelle sans cesse son travail créatif. Intitulée «Inspirations au fil du temps», cette exposition ouvre aujourd'hui à 14 h et permettra aux visiteurs des rencontres colorées avec les personnages de l'artiste. Rappelons que la grande exposition de Lazhar Hakkar se poursuit au MaMa avec un parcours généreux de découverte. Il y a donc de quoi voir pour ceux qui aiment voir. Adresses : MNBA, Bois des Arcades, Le Hamma (métro Jardin d'éssai)/ Artissimo, 28, rue Didouche Mourad (métro Khelifa Boukhalfa)/ Institut culturel italien, 4 bis, rue Yahia Mazouni, El Biar (milieu ex-Poirçon)/ Galerie El Kenz, 16, lot Ben Haddadi, Chéraga (près de Dar Diaf).