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Pourquoi Tizi Ouzou a du mal à réaliser ses programmes de développement De nombreuses défaillances ont été révélées lors du séminaire sur l'outil de réalisation
L'exhaustif état des lieux dressé par les participants aux ateliers du séminaire organisé par l'APW de Tizi Ouzou au sujet de l'outil de réalisation dans la région semble constituer la réponse objective et appropriée à l'épineuse question qui fait que cette même wilaya a bénéficié d'importants programmes d'investissement mais dont l'impact sur la relance du développement économique et social reste très faible. Pour le premier magistrat de la wilaya, Hocine Mazouz, la réponse est claire. “La wilaya de Tizi Ouzou ne dispose pas de l'outil de réalisation nécessaire pour pouvoir concrétiser l'important programme dont elle a bénéficié”, a-t-il déclaré à l'ouverture des travaux du séminaire. Pour leur part, les participants, eux aussi, n'y sont pas allés par quatre chemins pour reconnaître la faiblesse de l'outil de réalisation, et c'est d'ailleurs ce qui a motivé leur participation au séminaire, sauf que pour eux, si les programmes ne sont pas toujours menés à terme, sinon avec des retards considérables lorsqu'ils sont achevés, c'est que les défaillances sont multiples et ne concernent pas seulement l'outil de réalisation, donc les entreprises, mais aussi l'administration, le maître d'ouvrage et les maîtres d'œuvre. Concernant le maître d'ouvrage, les constats présentés au sein de la plénière par le premier atelier révèlent déjà une bonne partie de ces défaillances qui ne manquent pas d'entraver la gestion des projets de développement. L'insuffisance de moyens humains, matériels et logistiques, la rareté du foncier, l'insuffisance d'études préliminaires et de bureaux d'études techniques pluridisciplinaires qui conduit souvent à la reconsidération des fiches techniques, les fréquentes oppositions des citoyens, les difficultés d'approvisionnement en matériaux de construction, la centralisation excessive de la gestion des projets au niveau de certaines administrations sont, entre autres, ces entraves, posés au niveau du maître d'ouvrage, qui n'est autre que l'Etat. Pour remédier à ces insuffisances, l'atelier consacré au maître d'ouvrage a recommandé la mise en place d'un cadre de concertation entre l'administration, les élus et les autres acteurs du développement et aussi d'harmoniser les services administratifs, le respect des projections à long terme et, surtout, inciter les entreprises à créer des consortiums. Le constat du second atelier n'a pas été, lui aussi, moins alarmant quant aux défaillances et entraves qui se répercutent négativement sur la mise en œuvre des programmes de réalisation, notamment des infrastructures destinées à créer les conditions nécessaires à l'investissement productif. La violation de la réglementation par l'administration, la lenteur dans l'exécution des contrats, une excessive bureaucratie auxquelles s'ajoutent des délais de paiement inadmissibles et une absence de communication entre les acteurs locaux de développement, le non-respect de l'éthique professionnelle par les BET qui versent, pour certains, dans le copier-coller des études techniques constituent la somme de ces constats qui ont conduit les membres de l'atelier à recommander la dénonciation de toute défaillance des bureau d'études, la résiliation de leur contrat en cas de défaillance et une plus grande fermeté pour faire respecter les instruments d'urbanisme. Les participants à l'atelier consacré à l'outil de réalisation, donc aux entreprises, ont tenu à mettre en relief les lenteurs constatées dans l'exécution des contrats, le manque d'information sur les appels d'offres, le manque de suivi et la confection de cahiers des charges parfois incomplets, le manque d'encadrement et de personnel qualifié, l'insuffisance des mesures de sécurité sur chantiers — les entreprises ne souscrivent pas à une assurance pour leurs chantiers et s'engagent parfois dans des projets qui dépassent leur capacités —, le retard dans l'approbation des marchés et les paiements, le manque d'agrégats au moment où le sable de la wilaya de Tizi Ouzou alimente les chantiers des autres wilayas mais aussi l'épineux problème de la taille des entreprises de la wilaya qui sont à 92% dans la catégorie une et qui voudrait dire qu'elles n'ont pas les moyens de réaliser des projets d'importance. Ainsi, l'atelier a recommandé aux entreprises de se regrouper en association et, pourquoi pas, en consortium pour postuler même à des méga-projets, à identifier leurs besoins en main d'œuvre pour permettre à la formation professionnelle d'adapter ses formations à ces besoins et aussi à un allégement des procédures administratives et à un meilleur accompagnement des entreprises par les banques. Avec de tels constats, il est clair que la relance du développement économique et social de la wilaya de Tizi Ouzou, qui a jusque-là pris un sérieux coup, dépend en grande partie de l'application des recommandations faites par les ateliers et, bien sûr, de la levée de toutes ces contraintes maintenant qu'elles sont identifiées. Samir LESLOUS