L'affaire des sept moines trappistes de Tibhirine assassinés en 1996 connaît un nouveau tournant. Le juge antiterroriste français, Marc Trévidic, a fini par obtenir l'autorisation des autorités algériennes pour venir enquêter en Algérie. Le juge français est donc autorisé à ouvrir le dossier Tibhirine en mars 2013 avec les parties algériennes et tenter de trouver des réponses aux nombreuses questions qui entourent cette affaire. Est-ce que cette autorisation lui ouvrira la voie à tout ? Rien n'est sûr. L'accord donné par les autorités algériennes ne répond pas encore aux deux exigences du juge français que sont la possibilité «d'interroger une vingtaine de personnes considérées comme les témoins-clés dans l'affaire», ainsi que «d'effectuer, avec l'aide d'experts français, des prélèvements ADN sur les têtes des défunts qui doivent être exhumées». Selon le juge, cité par le site de France 24, «il est impératif, pour remonter aux auteurs du crime, de savoir si les têtes présentent ou non des impacts de balle et si les moines ont été décapités ante ou post mortem». Le juge Trévidic a formulé aussi l'espoir que la visite officielle qu'effectuera le président Hollande en Algérie les 19 et 20 décembre fera avancer le dossier. A noter d'ailleurs que l'annonce de l'autorisation accordée à M. Trévidic est intervenue le jour même où le président François Hollande affirmait, à Bruxelles, vouloir évoquer «tous les sujets» avec les autorités algériennes et avec le président Bouteflika. Une affirmation qu'il donnait pour réponse à une question sur la lettre ouverte que lui avait adressée, à la veille de sa visite officielle en Algérie, l'avocat de la partie civile, Patrick Baudoin, sur l'affaire des moines de Tibhirine. Dans cette lettre datée du 13 décembre en cours, l'avocat à la Cour de Paris et président d'honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), Patrick Baudoin, demandait à François Hollande d'évoquer avec son homologue algérien le dossier des moines de Tibhirine «pour que puisse progresser la légitime recherche de la vérité». Et d'ajouter dans cette même lettre qu'«au-delà de son caractère tragique, l'affaire des moines de Tibhirine, demeurée très présente dans la mémoire collective, revêt un aspect symbolique fort pour la bonne harmonie des relations franco-algériennes qui ne peuvent reposer que sur la transparence et la sincérité, et non sur la dissimulation et le mensonge».