Chaque jour, les autorités publiques démasquent leur intention de mettre la presse au pas. Mourad Mhamed, journaliste au quotidien El Khabar, vient d'être placé sous contrôle judiciaire, tandis que ses sources, deux policiers et un ami qui lui a transmis des documents, sont mises sous mandat de dépôt pour « publication de documents portant atteinte à l'intérêt national ». Ils ont tous subi des pressions intolérables avant d'être présentés à la justice. Leur crime a été de mettre en lumière les pratiques des groupes terroristes qui tentent de recruter les bénéficiaires des mesures de mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation. Ils sont ainsi désignés comme coupables et rejoignent Mohamed Benchicou dans des geôles vidées des assassins et maintenant remplies par ceux qui ont dénoncé les crimes terroristes et ceux qui les ont combattus. A nouveau, ce sont le droit à l'information des citoyens et la protection des sources des journalistes, éléments essentiels constituant la liberté de la presse, qui sont bafoués sans s'encombrer de la moindre apparence pour piétiner les libertés. Ceci pose plus que jamais la question de la réforme de la législation devant protéger la presse et des pratiques visant à instrumentaliser la justice et les magistrats, d'autant que les procès en diffamation se multiplient et que l'on traîne devant les tribunaux le correspondant d'El Watan à Béchar et celui d'El Bilad à Chlef. Le Comité Benchicou pour les Libertés s'insurge contre de telles mesures. Il demande l'abandon des poursuites et exige la libération immédiate des personnes incarcérées dans cette nouvelle cabale contre la presse. Alger, le 2 avril 2006